Trump et la stratégie du choc
Publié la première fois le: 10/04/2025 à 14h29
Mis à jour le: 11/04/2025 à 12h58
par Jonathan Levy
Date : 10/04/2025
Depuis plusieurs semaines, nous assistons à une forte tension dans les échanges commerciaux internationaux avec les États-Unis. Donald Trump cherche à imposer sa vision néo-impériale sans craindre de bousculer ses partenaires – voire, avec l’intention de les bousculer – n’hésitant pas à faire usage de droits de douane élevés et de discours clivants. Une stratégie qui vise à faire craindre une guerre commerciale généralisée.
En réaction, les marchés financiers traversent une zone de turbulences. Et même si les derniers propos du Président américains ont calmé le jeu, les bourses peuvent rester très volatiles avant l’atteinte d’une solution acceptable pour les différentes parties. Mais il serait imprudent pour les investisseurs de réagir à chaud sans prendre le temps d’analyser la méthode, les objectifs réels et les implications concrètes à moyen terme.
C’est précisément l’objet de notre point marché aujourd’hui.
Du chaos comme levier de négociation
La politique commerciale actuelle s’inscrit dans une vision néo-impériale : pour Trump, les États-Unis doivent réaffirmer leur puissance économique, afin d’obtenir un rééquilibrage des flux commerciaux. Dans cette optique, les droits de douane ne sont pas une fin, mais un levier. On retrouve ici des techniques de négociation classiques, déjà décrites par Machiavel ou par Trump lui-même dans son ouvrage The Art of the Deal. L’idée est simple : créer un choc, isoler ses adversaires, et ouvrir ensuite la porte à des concessions.
Le Liberation Day, comme certains l’ont appelé, avec l’instauration d’un droit de douane de base de 10 % sur toutes les importations, accompagné de surtaxes spécifiques, s’inscrit dans ce cadre. Mais déjà, des discussions s’ouvrent avec le Japon, l’Union européenne ou encore certains pays d’Amérique latine. Il ne s’agirait donc pas de s’enfermer dans un protectionnisme rigide, mais d’obtenir des victoires visibles, médiatisables, qui renforcent sa base électorale.
Des impacts économiques réels… mais contenus
À court terme, les conséquences économiques sont significatives, en particulier pour les États-Unis eux-mêmes. On estime le choc fiscal lié à la hausse des droits de douane à près de 2,5 points de PIB, absorbés par les ménages et les entreprises. Certains secteurs sont particulièrement vulnérables : textile, automobile, métallurgie, équipements électriques. Le président de la banque JP Morgan Chase Manhattan, Jamie Dimon, a lui-même averti sur les risques portant sur l’économie américaine du fait d’une inflation persistante.
Mais cette pression pourrait être partiellement compensée par :
- La baisse du prix du pétrole ;
- Des mesures de relance à venir (baisse d’impôts, dérégulation) ;
- Une baisse des taux anticipée de la part de la Fed ;
- Une capacité de résilience toujours forte de l’économie américaine (faible chômage, marges d’entreprises encore élevées).
Côté européen, les droits de douane pénalisent certains secteurs mais leur impact macroéconomique devrait rester limité (exportations vers les USA = 3 % du PIB européen). La BCE pourrait également assouplir sa politique monétaire, et l’Europe semble prête à accélérer ses plans de relance, notamment dans la défense et l’énergie.
Comment réagir en tant qu’investisseur ?
Face à cette situation, notre recommandation est claire : garder son sang-froid, respecter les principes de base d’une bonne gestion de portefeuille, et rester sélectif.
Voici les piliers que nous vous invitons à suivre :
- Diversifier : Plus que jamais, les portefeuilles doivent être équilibrés sur les différentes classes d’actifs (fonds en euros, actions, obligations, immobiliers, private equity…) ; les pondérations entre ces actifs dépendent de vos objectifs, de votre horizon, et de votre degré d’acceptation de la volatilité.
- Suivre et rééquilibrer dans le temps : Votre portefeuille est défini au départ, mais votre situation peut changer dans le temps ; il convient de vérifier alors si vos actifs sont toujours en adéquation avec votre situation.
- Garder la tête froide : Les marchés sont volatils à court terme. Ne pas paniquer à chaque baisse, et éviter les décisions impulsives (ex : vendre en panique ou suivre une mode) : la discipline paie plus que le “market timing”.
- Comprendre dans quoi on investit : Chez bienprevoir.fr, on s’assure toujours que vous comprenez les actifs dans lesquels vous investissez ; de manière générale, mieux vaut renoncer à une opportunité qu’on ne comprend pas bien, que de foncer tête baissée pour une performance potentielle qui fait rêver.
Conclusion : lucidité et constance
L’histoire des marchés montre que les phases de crise sont aussi celles où se créent les meilleures opportunités, qui peuvent profiter aux profils les plus dynamiques, à condition de rester fidèle à sa stratégie. Ce n’est pas le moment d’improviser, ni de céder à la panique. Aussi faut-il rappeler ce qu’a dit Warren Buffet : « Le temps est le meilleur allié de l’investisseur discipliné ».
Trump ne vise pas l’isolement des États-Unis, mais une reconfiguration des équilibres commerciaux mondiaux à leur avantage. Ce n’est pas sans heurts, mais ce n’est pas non plus inédit. Face à ces secousses, la meilleure réponse pour l’investisseur est une gestion rigoureuse, patiente, et adaptée à vos objectifs personnels.