Comment Financer les PME à travers la dette ?


Mis à jour le: 07/03/2018 à 13h36 par Vincent Cudkowicz

Le 24 mars, l’investissement dans la dette de PME françaises, a été le thème abordé par Vincent Cudkowicz, co-fondateur, directeur général de www.Bienprévoir.fr, dans Intégrale Placements sur BFM Business

1 ) Comment investir dans la dette de PME françaises, alors que le crédit bancaire parvient de moins en moins aux PME, et que le marché Obligataire des PME n’est pas organisé ?

les PME françaises ont un accès restreint à la dette, rendu encore plus difficile depuis les nouvelles contraintes bilancielles imposées aux banques.

2 ) Mais alors pourquoi n’ouvrent-elles pas plus leur capital ?

Les PME ne veulent pas toutes ouvrir leur capital pour compenser ce manque de liquidité, notamment car il s’agit souvent de PME familiales, dont le tour de table est bien ficelé.

3 ) Existe t il alors d’autres moyens pour que PME et ETI puisse accéder à la dette ?

Depuis quelque temps on voit apparaitre des fonds d’un genre nouveau qui investissent sous forme d’obligations, ou d’obligations convertibles dans les PME. On parle de FCPR, voire même de FPCI.
Le FCPR est un fonds commun de placement à risque alors que le FPCI, enveloppe très peu démocratisée encore, est le Fonds Professionnel de Capital Investissement.

Les FCPR étaient jusqu’à présent très peu accessibles avec des tickets d’entrée supérieurs à 100 000 euros voire 200 000 euros. Depuis le début de l’année on voit émerger des FCPR beaucoup plus accessibles, avec des tickets d’entrée bien plus bas.

4) Alors quels produits peut-on évoquer ?

Le FCPR Entrepreneur & Export, en cours de commercialisation (jusqu’à fin mars 2014).

5 ) Pourquoi?

Il vise un rendement de 7 à 8% / an.
Il est investi en obligations convertibles, ce qui génère une sécurité accrue par rapport à des actions classiques. Le risque étant le défaut des entreprises cibles. Mais il s’agit ici de PME Exportatrices, dont le taux de défaut est assez faible, alors que le taux de défaut des PME /ETI est déjà assez faible (autour de 1,25% en 2012)
Et surtout, il bénéficie d’une garantie partielle sur le capital investi, garantie apportée par OSEO / BPI France, la BPI étant de plus en plus active sur cette question de la dette des PME.

De plus, ce FCPR, accessible dès 10 000€ dans le nouveau PEA – PME bénéficie d’une exonération des plus value au bout de 5 ans. Ce FCPR est plus court que ce qu’on peut trouver sur le marché (5 ans prolongeable jusqu’à 7 ans).

6 ) Question actualité, ça se bouscule sur ce type de produits. On a vu émerger la semaine dernière un nouveau FCPR, chez A Plus Finance. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Effectivement A Plus Finance, qui se spécialise depuis peu sur les PME en transmissions, lance un FCPR Transmission, lui aussi éligible PEA PME, mais investi à 60% en obligation et 40% en actions et en obligations. Il est donc plus risqué que le précédent, mais en même temps il vise un rendement supérieur, autour de 9 % net. La logique est respectée, au niveau du couple rendement / risque. En fin de compte on a moins de visibilité, sur ce FCPR, sur le rendement potentiel, et au surplus nous sommes sur une durée d’investissement plus longue, 7 ans minimum.

7 ) Parlez nous maintenant des FPCI. De quoi s’agit il ?

Alors effectivement les FPCI, (et non pas FCPI, Fonds spécialisé dans l’innovation) sont eux des véhicules pour les investisseurs très avertis. C’est presque un produit de business angel, avec des tickets d’entrée supérieurs ou égale à 50 000€; Ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est la dette des PME. Il existe sur le marché un FPCI de chez 123 Ventures.

Ce nouveau fonds se concentre sur des obligations d’entreprises de la santé uniquement, « FPCI Cap Caducée ». Ici on est concentré sur les entreprises de la santé. Alors certes les entreprises du secteur de la santé sont promis à un avenir solide, mais attention à la diversification.

8 ) Mais alors, le crowdfnuding n’est il pas également un moyen pour les PME et ETI de contourner l’absence de crédit des banques ?

Non pas vraiment. D’une part, le crowfuding s’adresse plutôt aux start-ups qui ne sont pas encore des PME et encore moins des ETI. Quoiqu’il en soit, si on souhaite participer à ce type de financement, là plutôt en capital, il ne faut pas le faire dans objectif patrimonial. En effet, on ne s’improvise pas « gérant de fonds » du jour au lendemain, parce qu’on a vue un projet sexy sur une plate-forme internet.

9 ) Ce type de FCPR ou d’investissements, sont ils également accessibles aux entreprises ? C’est à dire est ce que les entreprises peuvent investir une partie de leur trésorerie sur ce genre de placements ?

Oui effectivement c’est possible, en tout cas pour le FCPR Entrepreneur & Export. C’est finalement un autre aspect comique, mais bénéfique de cette situation où les banques, en partie désertent le crédit: les entreprises prêtent à d’autres entreprises.

Par Vincent Cudkowicz

Directeur Général, co-fondateur