Anticipations de remontée des taux directeurs américains repoussées
Publié la première fois le: 09/06/2016 à 09h55
Mis à jour le: 16/06/2016 à 11h17
par Chaguir Mandjee
La combinaison des mauvais chiffres de l’emploi américain en mai et du renforcement du camp en faveur du Brexit selon les derniers sondages ont poussé plusieurs membres de la Fed à afficher leur volonté de ne pas remonter les taux directeurs en juin. Janet Yellen se refuse à donner un calendrier précis pour les prochaines hausses de taux, mais réitère que le mouvement sera graduel. Un changement de ton notable par rapport à sa dernière déclaration du 27 mai dans laquelle elle parlait « des prochains mois ». Les Fed Funds Futures donnent une probabilité de 22% pour une intervention en Juillet. Pour autant, on constate l’amélioration de l’ensemble de l’économie américaine qui est aujourd’hui dans une situation de quasi plein emploi avec en ligne de mire un redressement de l’inflation, ce qui laisse penser que le resserrement monétaire aura bien lieu et que le mouvement de rechute brutale observé sur les taux et le dollar vendredi 3 juin dernier ne devrait être qu’éphémère.
Malgré les nouveaux sondages sur le Brexit, le FTSE est le premier indice européen à revenir dans le vert sur l’année, soit sa meilleure performance face à l’Eurostoxx en 8 ans. Un sondage basé sur l’analyse des réseaux sociaux donne la majorité au « leave », à 50.3%. Les investisseurs doutent de la fiabilité des sondages, jugés peu précis, surtout depuis le référendum écossais de 2014.
En zone euro, la consommation des ménages reste le principal moteur d’activité. Cependant, les facteurs de soutien qui avaient permis son accélération l’année dernière, en particulier la faiblesse des coûts de l’énergie, vont s’estomper et l’investissement devra reprendre. Par ailleurs, la BCE démarre ses achats d’obligations d’entreprise. Ceci constitue un élément pour alléger la pression sur les actifs risqués actions, mais les montants adressables restent faibles.
Deux éléments préoccupent à court terme les investisseurs, la Fed et la Chine. En effet, si la Fed devait renoncer à l’une des deux hausses de taux prévues cette année, cela se traduirait par la nécessité pour les autres banques centrales d’agir de manière additionnelle.
Par ailleurs, la transition du modèle chinois reste un élément crucial pour les banques centrales. En Chine, le recul des réserves en devises étrangères a été plus élevé que prévu en mai. Elles sont ressorties à 3192 MM$ en mai en recul de 20 MM$ sur un mois, à un niveau qui n’avait pas été atteint depuis décembre 2011. Alors que ces dernières s’étaient en tendance stabilisées depuis trois mois. Cela montre que les autorités chinoises continuent d’intervenir sur le marché de changes afin de préserver la stabilité de sa devise et ainsi enrayer la défiance des investisseurs. Ceci indique que la stabilisation de l’économie chinoise prendra du temps. Dans ce contexte, le risque chinois reste un facteur à prendre en compte dans les prochains comités de politique monétaire des banques centrales.