Brexit ou Bremain


Mis à jour le: 29/06/2016 à 14h42 par Chaguir Mandjee

Tous les regards sont tournés vers le Royaume-Uni à la veille du scrutin qui déterminera le maintien ou non du Royaume Uni au sein de l’Union européenne. L’incertitude est forte même si la tendance sur les derniers sondages est plus favorable au « Bremain ». En effet, même si une grande partie des britanniques semble disposée à quitter l’UE, des considérations financières pourraient inciter une majorité d’électeurs à voter en faveur du maintien.

Les conséquences sont binaires et sources de volatilité sur les marchés financiers. En cas de « Bremain », les actifs « risqués », livre sterling, marchés actions européens et l’euro se redresseront, tandis que les actifs plus sûrs l’or, le franc suisse et les cours des obligations souveraines seront à leur tour sous pression, avec un resserrement des taux intra-zone euro. En cas de Brexit, les indices européens pourront baisser à court terme et la livre pourrait chuter fortement. L’euro pourrait également être touché car les investisseurs préfèreront acheter du dollar pour protéger leurs portefeuilles. A moyen terme, l’impact sera négatif sur la croissance anglo-saxonne mais le point crucial reste la mise en place des prochains accords commerciaux qui prendront du temps en raison d’une part des échéances électorales en 2017 (France, Allemagne) et d’autre part car les partenaires européens seront très stricts par crainte d’une sortie d’autres membres et pour ne pas renforcer leurs partis eurosceptiques. Ce référendum dépasse ainsi le cas isolé de la Grande-Bretagne car un Brexit pourrait rapidement soulever la question de l’explosion de l’Union européenne.

Dans ce contexte, les banques centrales restent très prudentes. Janet Yellen s’adressera au Congrès américain aujourd’hui mercredi 22 juin après avoir réitéré qu’elle désire voir l’économie US sur une voie positive avant de penser à relever ses taux. Elle estime qu’une récession est peu probable, mais que la croissance pourrait être modérée. Pour la Fed, la question reste le rythme du resserrement monétaire, mais si le Brexit a entrainé une pause dans l’action de la banque centrale Américaine, la divergence de politiques monétaires reprendra post scrutin.

Au Japon, le Ministre des Finances estime peu probable une intervention des autorités en cas de forte montée du Yen vendredi si le Brexit l’emporterait. L’option la plus probable serait une action concertée du G-7. Le Yen est l’actif le plus à risque sur le vote anglais, en raison de sa nature d’actif refuge.

En zone euro, Mario Draghi a réitéré la volonté de la BCE d’agir si l’objectif de 2% d’inflation n’était pas atteint mais attendra tout de même de quantifier les effets des mesures adoptées depuis le début de l’année. Comme le programme d’opération de financement TLTRO 2 qui commence aujourd’hui et risque de susciter une forte demande des banques. Par ailleurs, Mario Draghi invite les gouvernements européens à se lancer dans la voie des réformes économiques et à augmenter les dépenses publiques afin de supporter la croissance sur le continent.

Par Chaguir Mandjee

Directeur Général de Haas Gestion