Crise en Chine : risque ou opportunité pour l’Europe ?


Mis à jour le: 10/07/2018 à 15h20 par Jonathan Levy

Après avoir eu les yeux rivés sur l’Europe et la Grèce en particulier, les marchés étaient de nouveau préoccupés par une autre région du monde, la Chine.

Seulement, la Grèce et la Chine ne se ressemblent en rien, absolument en rien. Inutile d’énumérer ici leur population, leur poids économique ou leur part dans le commerce mondial.A cet égard, si la Grèce est inquiétante, la Chine est effrayante.

Un battement d’aile peut provoquer une tornade à l’autre bout de la planète, alors, que dire des mouvements du monstre chinois, devenu la 2è puissance économique au monde ? C’est bien la question essentielle que se pose les marchés aujourd’hui. Le ralentissement chinois va-t-il avoir des conséquences importantes sur la croissance aux Etats-Unis et en Europe ?

 

La Chine tente de changer de modèle

Si les chiffres officiels laissent place au doute quant à leur fiabilité, il est incontestable que la Chine ralentit. Les exportations par exemple, moteur traditionnel de la croissance, ont nettement baissé cet été par rapport à l’an dernier. Le pays a clairement perdu de sa compétitivité, et l’écart par rapport aux pays avancés n’est plus significatif. Face à cette situation, les autorités ont tenté depuis quelques années de transformer le modèle économique chinois en le tournant vers la consommation.

Mais les erreurs commises avec la bourse pénalisent la consommation. Le gouvernement a incité les chinois à investir en bourse. Cela s’est fait trop rapidement, ce qui a généré une véritable bulle spéculative qui a éclaté cet été. Cet épisode a probablement un impact négatif sur la consommation. On voit par exemple les ventes automobiles baisser pour la première fois depuis très longtemps. Des sociétés comme BMW, historiquement présents en Chine, se disent d’ailleurs préoccupées par le marché chinois.

 

Ce ralentissement, bien réel, aura-t-il un impact sur les Etats-Unis et l’Europe ?

Il me semble que les marchés sont trop pessimistes à ce sujet. Les derniers chiffres publiés par l’Allemagne sont riches d’enseignements. Les exportations ont atteint en juillet un niveau record, en hausse de 2,4%. On aurait pu s’attendre à ce que l’Allemagne championne du monde des exportations soit touchée par le ralentissement de la Chine et des pays émergents. Mais en fait, la faiblesse de l’Empire du Milieu est compensée par d’autres zones plus dynamiques dont l’Europe et les Etats-Unis.

 

Vers une redistribution des cartes au niveau mondial ?

Le ralentissement chinois est en train de redessiner un nouveau monde. La première conséquence concerne les matières premières, en forte baisse, qui pénalisent lourdement certains pays émergents (surtout Russie et Brésil). Les pays importateurs (Inde, Europe) sont les grands gagnants de ce nouvel ordre mondial. Cela s’accompagne en Europe d’une politique monétaire très avantageuse, qui est permise grâce à la faiblesse de l’inflation. Les taux d’intérêt et l’euro continuent d’être très favorables à la croissance en Europe.

Les pays qui font en plus des réformes structurelles récoltent les fruits de cet « alignement des planètes ». On le voit depuis quelques trimestres en Espagne (avec un taux de croissance attendu à près de 3% cette année), et maintenant en Italie où le chômage prend enfin le chemin de la baisse, sans  parler bien sûr de l’Allemagne proche du plein emploi.

Le ralentissement chinois ne semble pas remettre en cause le scénario de reprise économique en Europe, peu touchée par la faiblesse de la demande domestique en Chine. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le ralentissement chinois est peut-être en fait une aubaine pour nous.

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr