Croire en l’avenir, pour bien le préparer


Mis à jour le: 24/03/2016 à 12h13 par Jonathan Levy

La journée du 10 mars va probablement devenir un cas d’école qui sera étudié dans toutes les universités d’Économie du monde entier.

Jusqu’à présent, lorsqu’une banque centrale baissait les taux, les marchés actions montaient. Cette fois, Mario Draghi a annoncé à la fois une baisse des taux, un renforcement de son programme d’achat de dettes, un élargissement des titres éligibles, et une aide aux banques (le fameux « TLTRO »), des mesures qui ont dépassé les anticipations des investisseurs. Et pourtant, le CAC 40 a clôturé en forte baisse de 1,70% le même jour, après avoir monté de 3% en séance !

Il aura fallu attendre le lendemain pour que les investisseurs reprennent leurs esprits et inversent la tendance de la veille en prenant acte des mesures favorables arrêtées par la BCE.

 

Pourquoi une telle réaction des marchés, qui va à l’encontre des lois de la gravitation ?

 

Les investisseurs ont bien compris la détermination sans faille de Mario Draghi dans la lutte contre la déflation qui mine l’économie. Mais ils ont sur-réagi à des propos du patron de la BCE qui a déclaré qu’il ne souhaitait pas aller plus loin dans la baisse des taux, déjà en territoire négatif. Les investisseurs ont interprété cette phrase comme une limite à l’action de la BCE, comme un aveu d’impuissance. Ils se sont dit que dorénavant la banque centrale n’avait plus de munitions.

C’était le signe que la BCE avait mis toutes ses forces dans la bataille. Si cela ne suffisait pas à produire des effets sur l’économie, il n’y avait plus de solutions. L’euro a baissé de 4% suite à ces propos.

Les marchés ont été complètement sourds aux autres propos de Mario Draghi qui a annoncé d’autres mesures dites non conventionnelles. Parmi tout l’arsenal disponible pour sa politique monétaire, il a simplement précisé que la baisse des taux ne serait pas accentuée à l’avenir. Mais il a laissé entendre que d’autres mesures pouvaient être trouvées et mises en place si c’était nécessaire. Mais la confiance est rompue.

Et là ce n’est plus une affaire d’économie. On touche du doigt le mal de notre société : celui de ne plus croire en l’avenir. On le voit dans toutes les couches de la société. Et c’est une erreur de croire que c’est un mal français. Cela nous dépasse largement et l’on retrouve ce mal du siècle dans le monde entier, ce qui explique certainement la montée du populisme un peu partout dans le monde entier, à divers niveaux.

En France, la réaction des jeunes à la loi sur le travail en est une autre manifestation. Elle pointe du doigt les contradictions de la génération « Z », qu’on croyait experte en zapping, alors qu’elle se retrouve à défendre l’emploi à vie. Le monde se transforme avec l’émergence de sociétés digitales comme Uber. Le marché du travail doit accompagner cette transformation pour profiter à plein de la révolution en cours. Les jeunes, pourtant addicts à tous ces nouveaux usages, défendent la forme de travail de leurs grands-parents !

Voir les jeunes manifester contre la transformation de la société est la manifestation la plus criante de notre peur de l’avenir.

Et pourtant la France est extrêmement bien placée dans cette course. On compte beaucoup de sociétés françaises parmi les plus innovantes. Les entrepreneurs français sont très nombreux, et pour beaucoup talentueux.

L’avenir nous réserve de bonnes surprises. C’est une question de croyance.

Il faut croire en l’avenir pour bien le préparer. 

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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