Edito du mois : Après la pluie vient le beau temps
Publié la première fois le: 15/12/2022 à 10h42
Mis à jour le: 20/12/2022 à 14h27
par Jonathan Levy
Contre toute attente, alors que les nuages semblent s’accumuler dans le ciel, les marchés financiers ont connu un automne radieux. Le CAC40 a ainsi repris 9% sur les 3 derniers mois, et ne présente plus qu’une baisse de 6% depuis le début de l’année. Le rebond est encore plus puissant si on se base sur le point bas de l’année, atteint le 26 septembre dernier : le CAC40 a ainsi bondi de 19% par rapport au creux de l’année. Ce mouvement qui paraît irrationnel est assis sur une cause bien réelle : un début de retournement de l’inflation.
Si l’inflation française est encore en phase ascendante, l’inflation américaine a entamé son reflux dès le mois de juillet, en passant de 9% à 7,1% à fin novembre, marquant un net changement par rapport au premier semestre. Il s’agit du taux le plus bas depuis décembre 2021. Hors énergie (+13%) et produits alimentaires (+11%), le taux d’inflation est même ressorti à 6%.
Depuis le début de l’année, la FED avait adopté un ton très dur pour lutter contre l’inflation excessive. Alors qu’en 2021, le patron de la FED tentait de rassurer les marchés en qualifiant la hausse de l’inflation de temporaire, il a dû redoubler d’effort pour regagner sa crédibilité perdue. La baisse de la croissance des prix donne plus de marge de manœuvre aux banques centrales, et leur permet de ralentir la hausse des taux directeurs.
Ainsi, les bons chiffres de l’inflation aux Etats-Unis ont provoqué une forte détente des taux d’intérêt à long terme, passant de 4,25% fin octobre à 3,50% aujourd’hui. C’est précisément ce mouvement sur les taux longs qui a alimenté le rebond des marchés actions.
Plusieurs signaux laissent à penser que le mouvement d’atterrissage de l’inflation va se poursuivre en 2023. Les prix des matières sont enfin en baisse depuis quelques semaines. Le cours du baril a ainsi retrouvé son niveau de début 2022, c’est-à-dire le niveau d’avant la guerre en Ukraine. La FED voit ainsi l’inflation ralentir à 3% fin 2023.
S’il était consensuel de remonter les taux jusqu’au niveau d’aujourd’hui, la suite est sujette à débat. La FED a annoncé qu’elle continuerait sa marche de hausse des taux pour ralentir l’inflation jusqu’au niveau cible de 2%. Elle estime à présent que les taux directeurs devront s’établir à 5% fin 2023 pour atteindre son objectif, alors qu’en septembre, elle pensait qu’un niveau de 4,5% serait suffisant. Mais d’illustre économistes, comme Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001, réclament un assouplissement de la politique monétaire, et les arguments ne manquent pas.
Leur analyse repose sur les causes de la crise de pouvoir d’achat que nous connaissons. Elle est essentiellement dû aux multiples contraintes provoquées par la pandémie sur l’offre. L’exemple type est celui des puces électroniques. Or une hausse supplémentaire des taux d’intérêt n’aura aucun impact sur l’offre de puces électroniques. On pourrait même penser l’inverse, car des taux élevés rendent plus difficiles les investissements nécessaires pour atténuer les pénuries d’offre.
Au-delà du débat d’expert, on voit bien que dans tous les cas la hausse des taux à venir est minime par rapport à ce qu’on a connu ces derniers mois. Les taux directeurs sont passés de 0,25% à 4,5% au cours de l’année 2022. Le passage de 4,5% à 5% en 2023 devrait être beaucoup moins douloureux.
Les marchés financiers anticipent que la FED va finir par réussir son pari de ralentir significativement l’inflation au niveau cible. La baisse des taux longs montre qu’après une période de hausse des taux directeurs de la banque centrale, s’en suivra une phase de baisse de ses taux à partir de 2024-2025.
Il n’est pas toujours facile de prendre des décisions d’investissement en période de trouble, mais c’est pourtant dans cette phase de cycle que les opportunités sont les plus intéressantes. De plus, compte tenu des besoins croissants de financement des défis de notre siècle (transition énergétique, digitale, …) mais aussi du vieillissement de la population, les Français ne s’y trompent pas et placent des sommes de plus en plus importantes sur les Plans d’Epargne Retraite. Toute l’équipe bienprévoir.fr se mobilise en cette fin d’année pour vous accompagner dans cette démarche.