Edito du mois : The tweet President (le Président qui fait cui-cui)


Mis à jour le: 04/07/2018 à 15h08 par Jonathan Levy

Donald Trump Twitter - Edito Janvier 2017 - Article

Avant même son entrée en fonction, la lune de miel est déjà finie entre Trump et les marchés financiers. Elle aura été de courte durée. Après avoir sorti les marchés de leur léthargie en fin d’année, le nouveau président américain les plonge à présent dans le doute, si ce n’est dans l’inquiétude.

 

Pourtant, en novembre, le Président élu a réussi à créer un vrai choc de confiance sur le plan économique. Les investisseurs ont retenu que le programme de ce business man avait pour ambition d’accélérer la croissance, jugée trop basse. Trump proposait notamment de réduire les impôts pour les entreprises et les ménages, d’alléger l’excès de réglementation nuisible aux entreprises, et de lancer un vaste plan d’investissement.

Les marchés ont bien voulu croire que ce plan pourrait sortir l’Amérique (et le monde ?) de la stagnation séculaire, selon la théorie de certains économistes.

 

« Par ses tweets, Trump est en train de casser cette confiance »

La confiance est un actif précieux pour l’économie d’un pays. Par ses tweets, Trump est en train de casser cette confiance, en agitant l’arme du protectionnisme. C’est précisément sur ce point qu’il est le moins crédible. Il a commencé par s’attaquer à certaines entreprises américaines, notamment aux constructeurs automobiles qui produisent une partie de leurs véhicules au Mexique. Il a eu plus ou moins de succès sur ce terrain puisque Ford a annoncé dans la foulée des investissements et des embauches aux Etats-Unis (700 emplois).

Il s’est ensuite attaqué aux constructeurs étrangers, comme BMW. Mais les résultats sont de plus en plus mitigés, ses arguments de plus en plus fragiles. Certes, BMW envisage d’investir dans une usine au Mexique pour alimenter le marché nord américain. Mais il oublie que la plus grosse usine du constructeur allemand se trouve en Caroline du Sud. BMW exporte plus de voitures des Etats-Unis qu’il n’en importe. Au global, le Groupe allemand est  exportateur net, il contribue à diminuer le déficit commercial américain !

 

Enfin, il s’en est pris à l’Europe et à l’Allemagne en particulier. Trump nous dit qu’il aimerait voir plus de Chevrolet dans les rues de Berlin. Mais il oublie de dire qu’on voit beaucoup de Ford dans les rues de toutes les villes européennes. D’ailleurs, la police française roule en Ford, alors que je n’ai jamais vu de Renault ou Peugeot dans la police américaine. La part de marché de Ford en Europe est supérieure à celle de BMW !

S’il est venu en Europe, il a dû boire un coca cola au restaurant, il a dû voir des magasins Gap à tous les coins de rue, il s’est probablement aperçu qu’il ne peut pas faire de recherche internet sans passer par Google, et aurait pu remarquer que les ventes en ligne d’Amazon sont en train de détruire des milliers de petits commerces de proximité.

En fait, si on ne voit pas de Chevrolet dans nos rues, ce n’est pas la faute de Merkel, mais celle des dirigeants de constructeurs américains qui ont échoué dans leur stratégie de conquête du marché européen.

 

Trump a pour ambition de rendre sa grandeur à l’Amérique, mais au détriment du reste du monde. Il pense pouvoir diriger son pays comme il dirige son entreprise. Mais ses partenaires ne marchent pas à la baguette. De même qu’on peut être un bon maire et un mauvais premier ministre, on peut être un bon chef d’entreprise et un mauvais chef d’Etat.

On voit la limite de la position de Trump . Pour l’instant, il gesticule beaucoup et espère faire plier ses victimes sans même passer à l’action. L’idéal pour lui est qu’il n’ait pas besoin d’utiliser l’arme nucléaire qu’est la mise en place de barrières douanières. La réplique de ses partenaires (ou adversaires) commerciaux serait alors sanglante. L’Amérique a beaucoup à perdre dans cette bataille. Mais personne ne sortirait vainqueur.

 

Face aux défis que représente la nouvelle politique économique nouvelle politique économique des Etats-Unis, mais aussi de la Russie ou de la Chine, l’Europe doit être unie, solidaire et forte. On peut être déçu sur certains points, mais il est normal que la construction européenne soit un long chemin tortueux. Marcel Proust disait : « il n’y a pas de réussite facile, il n’y a pas d’échecs définitifs ». Voilà l’enjeu de nos élections en France et en Allemagne cette année.

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr