Edito du mois : Inflation : attention au nouveau paradigme !


Mis à jour le: 30/03/2022 à 08h31 par Jonathan Levy

La Terre est actuellement en surchauffe, pas seulement sur le plan climatique, mais également sur le plan économique. L’inflation est autour de 6,5% au niveau mondial, avec une situation particulièrement tendue aux États-Unis où l’inflation frôle les 8%. Et la guerre en Ukraine ne fait que renforcer le risque de stagflation qui en découle (forte inflation et faible croissance). Quel changement par rapport à la décennie précédente où les marchés financiers craignaient le risque déflationniste ! La crise du Covid et surtout la guerre en Ukraine ont complètement changer la donne. Le risque du retour de l’inflation anime les marchés financiers actuellement. Mais comme toujours, lorsque certains redoutent les risques, d’autres repèrent avant tout les opportunités que cette situation va créer.

La guerre actuelle menée par la Russie va pousser l’inflation à la hausse. Plusieurs éléments laissent à penser que l’inflation pourrait grimper encore dans les mois qui viennent.

Ainsi, la Commission Européenne a planché sur un programme alternatif aux hydrocarbures russes, que ce soit pour décréter un embargo total sur la Russie ou à l’inverse, pour répondre à Poutine qui pourrait de lui-même fermer le robinet aux européens. Dans tous les cas, la Commission a listé les alternatives au gaz russe (le pétrole étant moins problématique, car il peut être remplacé plus facilement). La bonne nouvelle est qu’il est possible de résoudre rapidement l’équation qui nous est posée. La mauvaise nouvelle est que ces solutions sont coûteuses, tant sur le plan écologique que sur le plan financier, puisque cela passe notamment par le prolongement des centrales à charbon.

Et même sans parler d’embargo, l’Europe envisage de réduire de 2/3 les importations de gaz russe dès cette année. Même si des mesures sont prises pour limiter cette hausse, cette décision va nettement alourdir la facture énergétique des Européens en 2022. Ainsi, la mise en place d’achats groupés devrait permettre de compenser un peu la hausse de la facture.

A plus long terme, les événements récents montrent que l’inflation pourrait s’installer durablement. Deux ans après le début de la crise sanitaire, la guerre en Europe fait apparaitre une aspiration qui devient prioritaire devant tous les autres sujets  : la recherche de la souveraineté, pour ne plus dépendre de pays plus ou moins voyous qui ne se soucient absolument pas de nos besoins vitaux. Sont notamment concernés les besoins énergétiques, alimentaires, sanitaires, industriels, …

Cela signifie que l’Europe devra relocaliser les activités jugées vitales pour elle, et plus généralement toutes les activités qui pourraient nous fragiliser ou affaiblir notre économie en cas de conflit. Il sera nécessaire de protéger nos entreprises, les technologies essentielles, les compétences incontournables, diversifier les sources d’approvisionnement et constituer des champions européens.

La guerre en Ukraine laisse supposer que les échanges avec la Russie vont s’effondrer. Et même dans le cas favorable, où des négociations aboutiraient rapidement, on peut penser que cette situation sera durable. Mais qu’en sera-t-il des échanges avec d’autres pays non démocratiques pour lesquels le risque géopolitique n’est pas négligeable ? Comment évoluera la stratégie des entreprises privées à cet égard ? Il est probable qu’elles soient désormais plus frileuses sur ce sujet que par le passé.

Au final, les conséquences à long terme de l’intervention russe en Ukraine sont multiples et très profondes. D’autant que celle-ci intervient après d’autres épisodes indépendants qu’on peut pourtant relier. Les États-Unis se sont lancés dans une guerre économique sévère avec la Chine à partir de 2018 sous l’impulsion de la politique de Donald Trump, qui cherchait notamment à équilibrer un peu plus les échanges commerciaux. Avec un style bien différent de son prédécesseur, Joe Biden prolonge la politique américaine dans le même sens. Le point commun à tous ces événements est un repli de la mondialisation telle qu’on l’a connue depuis 40 ans. Ainsi, si la mondialisation recule dans les prochaines années, il faudra composer avec une inflation structurellement plus élevée. Au cours des dernières décennies, on a privilégié le pouvoir d’achat des citoyens sur tout le reste. Aujourd’hui, les priorités sont inversées, quel qu’en soit le prix à payer, la sécurité passe avant tout. C’est tout un changement de paradigme qui s’opère sous nos yeux.

Ce changement de paradigme va impacter différents niveaux de la société. Les politiques budgétaires des États ne pourront plus être aussi expansives (c’est la fin du quoi qu’il en coûte !), il va falloir se sevrer de l’argent facile mis à disposition par les Banques Centrales au cours de ces dernières années. En termes de placement, cela va avoir des conséquences considérables aussi. Laisser dormir de l’argent sur des comptes courants non rémunérés appauvrit nettement les épargnants. Il va falloir rechercher des placements qui profitent du contexte actuel de poussée inflationniste. Bienprévoir.fr vous accompagne pour faire les choix qui s’impose actuellement, pour adapter votre patrimoine à la nouvelle donne monétaire.

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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