Edito du mois : L’avenir des fonds en euro


Mis à jour le: 30/06/2022 à 16h05 par Jonathan Levy

Edito du mois - Mai 2022 - Une récession salutaire - couv

Les fonds en euro ont connu une baisse marquée et régulière depuis plus de 20 ans, concomitamment à la baisse tendancielle des taux d’intérêt sur les marchés. La forte hausse observée sur les marchés depuis le début de l’année, avec le taux des emprunts d’Etat français à 10 ans qui a dépassé les 2%, permet-elle d’espérer un retournement des taux servis sur les fonds en euro cette année et les années qui suivent ? Quelle attitude adopter pour votre épargne préférée ? La question est de taille, elle concerne 18 millions de français et même 38 millions de bénéficiaires, avec un encours cumulé de près de 1 700 milliards d’euro, soit presque 70% du PIB !

 

Les Français toujours plus nombreux à alimenter leurs fonds en euros

Des flux importants arrivent sur les fonds en euro chaque mois, les Français plaçant toujours une proportion importante de leur épargne sur ce placement. Les assureurs devraient donc profiter de cette situation pour replacer les sommes sur des obligations plus rémunératrices qu’auparavant. Mais, malheureusement, il ne faut pas s’attendre à une hausse rapide des taux des fonds en euro. En effet, le principe de base est la mutualisation des actifs qui a largement profité lors de la baisse des taux. Ainsi, les taux des supports garantis en assurance vie ont baissé beaucoup moins vite que les taux de marché au cours des dernières années. Le système a eu l’immense mérite de lisser la performance et d’éviter les fortes variations qu’on peut voir sur les marchés financiers.

Mais le système est symétrique : ce qui est une qualité à la baisse des taux devient un handicap à la hausse. Les fonds en euro ne suivront pas aussi rapidement la hausse des taux de marchés, il faut s’attendre à une forte inertie.

 

Fonds en euros : un rendement négatif ?

Autre changement important pour les fonds en euro, le rendement réel devient négatif : il s’agit du supplément de rendement au-dessus de l’inflation. La longue phase de baisse des taux que nous avons évoquée s’est déroulée dans un contexte de faible inflation, ce qui a provoqué une hausse des taux réels. Mais la tendance s’est inversée en 2021 où l’inflation a atteint 1,6% sur l’ensemble de l’année, au-dessus du taux moyen des fonds en euro : le rendement réel était donc négatif de 0,3%. Les perspectives ne sont pas bonnes pour 2022, puisque l’Insee prévoit une inflation de 5,6% en moyenne, ce qui fera plonger le rendement réel nettement plus bas qu’en 2021.

 

Hausse des taux : quels risques ?

Finalement, si le contexte de hausse des taux qu’on connait depuis le début de l’année constitue une certaine opportunité pour les compagnies d’assurance, mais elle présente aussi un risque que l’ACPR pointe dans son rapport annuel paru en avril dernier, celui du « maintien ou non de l’attractivité des fonds en euros, dans un contexte d’augmentation des prix et de remontée des taux obligataires. Le contexte de hausse des prix pèse sur le rendement des contrats d’assurance-vie en euros. » Le risque de hausse des taux est important pour les assureurs, car il génère des moins-values latentes sur le portefeuille d’obligations qu’il détient. En cas d’accélération des rachats sur les supports en euro des contrats d’assurance-vie les compagnies seront tenues de vendre les obligations et de réaliser les moins-values.

Pour limiter ce risque, une loi a été votée en 2016, il s’agit de la loi de modernisation de la vie économique, dite loi Sapin 2. Elle confère plus de pouvoir au Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) qui pourra le cas échéant limiter partiellement ou totalement les rachats. La loi prévoit une période de blocage de 3 mois avec une extension possible de 3 mois supplémentaire. On est encore loin du niveau de taux à partir duquel les difficultés des assureurs deviendront bien réelles. Il faudrait que les taux d’intérêts à 10 ans s’approche des 4%, ce qui parait encore loin. Mais le niveau de l’OAT doit être surveillé comme le lait sur le feu à cet égard.

 

Que faire aujourd’hui si vous détenez un fonds en euro ?

Certes le taux 2022 sera nettement inférieur à l’inflation, mais le support en euro a l’immense avantage d’être garanti par l’assureur et de présenter une liquidité totale, sauf en cas de risque systémique. Les supports alternatifs (en particulier les supports immobiliers) qui permettent de mieux préserver le pouvoir d’achat face à une inflation galopante ne sont pas garantis en capital. Les placements miracles n’existent pas, il s’agit donc de faire un arbitrage entre différents risques, selon vos objectifs prioritaires en matière de placement. Les équipes de bienprévoir.fr sont toujours là pour vous accompagner dans ce contexte en pleine évolution.

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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