Edito du mois : Le coronavirus se propage en bourse


Mis à jour le: 29/01/2020 à 10h44 par Jonathan Levy

Edito du mois - Janvier 2020 - Le coronavirus contamine les bourses - couv

L’épidémie de coronavirus qui se développe à partir de la Chine porte un coup dur à la sérénité affichée des bourses mondiales depuis l’automne dernier. Alors que plusieurs voyants étaient repassés dans le vert, jusqu’à quel point le coronavirus peut-il mettre à mal l’économie mondiale ? Faut-il s’inquiéter d’un retournement durable des marchés financiers ?

 

A l’heure où l’on écrit ces lignes (mardi 28 janvier, 7h00), les autorités chinoises font état de 106 morts et environ 4000 personnes contaminées. Une dizaine d’autres pays que la Chine ont enregistré quelques cas de contamination. On ne connait pas encore le temps d’incubation du virus, il est donc difficile d’apprécier l’efficacité des mesures de quarantaine. Mais malheureusement, pour l’instant, on constate que le nombre de cas augmente assez rapidement depuis la mi-janvier.

 

Pour répondre à la question initiale, on peut tenter de faire un parallèle avec l’épidémie de SRAS que la Chine a vécu entre 2002 et 2003. Au total, on avait recensé près de 800 décès, et environ 10 000 personnes contaminées par le SRAS. L’économie chinoise avait été lourdement impactée par ce drame, puisque la croissance économique était passée de 10,5% à 3,5% au cours du deuxième trimestre 2003. En revanche, il faut noter que l’impact avait été limité dans le temps, car au cours du trimestre suivant, l’économie chinoise avait fortement rebondi avec une croissance de 13,5%.

Si on veut comparer l’épidémie du SRAS en 2002/2003 avec celle du coronavirus de 2019/2020, on peut noter que la Chine semble gérer autrement la crise. Elle est d’abord plus transparente aujourd’hui, et elle coopère plus avec l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Les autorités chinoises ont notifié à l’OMS 3 semaines après la découverte du 1er cas, alors qu’elles avaient laissé s’écouler 3 mois en 2002 avec le SRAS. La Chine fait preuve d’une plus grande expérience en matière de diagnostic et de traitement de l’épidémie.

 

En revanche, l’évolution de la Chine au cours des 20 dernières années rend la tâche plus compliquée à gérer. D’abord, le taux d’urbanisation s’est fortement accru depuis 2003 (près de 60% aujourd’hui contre 40% précédemment), ce qui facilite la diffusion du virus.
Mais surtout, le poids de la Chine dans l’économie mondiale a plus que doublé en 17 ans : il est passé de 8,7% en 2003 à 20% aujourd’hui. Un chiffre encore plus révélateur du dynamisme de la Chine est le poids dans la croissance mondiale. La Chine contribue aujourd’hui à 40% de la croissance mondiale, contre 20% au moment du SRAS.

Notons également que le profil de l’économie chinoise a bien changé en 20 ans. La consommation qui représente 57% du PIB aujourd’hui occupe un poids beaucoup plus important qu’au moment du SRAS. Or, la période du nouvel an est en général propice à la consommation, avec une accélération des dépenses de voyages, de divertissements et de cadeaux. L’impact sur la croissance pourrait donc être plus marqué.

Pour être complet, il faut préciser que la crise actuelle intervient en phase de ralentissement économique, et donc à un moment où l’économie chinoise est plus fragile, alors qu’elle était en phase d’accélération il y a 17 ans, avec une croissance à deux chiffres.

 

Pour autant, nous restons confiants dans les fondamentaux de l’économie mondiale et chinoise en particulier. Il faut évidemment attendre la stabilisation de la situation, mais la réaction des marchés financiers est souvent excessive dans ces moments de tension. Cela constitue selon nous une opportunité d’achat. Les marchés asiatiques et chinois en particulier restent des marchés intéressants : l’économie chinoise devrait profiter de l’accord de phase 1 signé avec les États-Unis, la banque centrale mène une politique très accommodante, et les valorisations des actions chinoises sont peu élevées.

C’est dans ces moments qu’il faut savoir investir. Marcel Proust disait : “L’audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions.

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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