Edito du mois : Le monde d’après ? Comme avant, en mieux.
Publié la première fois le: 28/05/2020 à 08h09
Mis à jour le: 28/05/2020 à 08h09
par Jonathan Levy
Il n’est pas une journée qui se passe sans qu’on entende un analyste ou un politique nous donner son avis sur ce que sera le monde d’après le COVID-19. Si toutes ces réflexions sont intéressantes, certaines relèvent de la pure spéculation. Il est nécessaire de faire le tri parmi tout ce qu’on nous présente. Car pour un investisseur, il faut savoir décrypter et anticiper les grandes évolutions de la société. Nous vous proposons notre grille de lecture : n’investissez pas sur ce que sera peut-être le monde demain, mais sur ce qu’il est déjà en train de devenir.
Un phénomène politique émerge depuis quelques années avec le refus de la mondialisation dans laquelle la Chine est devenue l’usine du monde. Au cours des 20 dernières années, certaines puissances économiques, dont la France, ont perdu de nombreux emplois. L’avènement de Trump au pouvoir en 2016 est le symbole le plus fort de ce rejet. Le président américain a compris avant grand nombre de politiques que les américains refusaient désormais cette mondialisation déséquilibrée qui coûte très chère en emploi.
Ce même phénomène est également très fort en Europe, et en France en particulier. Un sondage réalisé par l’institut Opinionway le démontre. Ainsi, 89% des français espèrent que les entreprises françaises relocaliseront leurs activités étrangères en France. Ils sont également 86% à penser que les entreprises doivent en faire plus pour limiter leur impact environnemental. Enfin, 91% estiment que les entreprises doivent plus faire appel aux fournisseurs locaux.
Deux arguments puissants étaient inscrits avant la crise pour réclamer une relocalisation des activités internationales : la préservation de l’emploi et la protection de l’environnement. La crise sanitaire rajoute un troisième argument tout aussi puissant : le besoin de souveraineté économique.
Ainsi, il est fortement probable que les entreprises soient obligées de relocaliser leurs activités dans le pays, pour satisfaire à la fois les pouvoirs publics (dont presque aucune entreprise ne peut se passer en temps de crise, avec l’utilisation de la mesure de chômage partiel), les salariés et les clients.
Ce mouvement de réindustrialisation arrive à un moment clef où nous vivons une nouvelle révolution industrielle avec l’utilisation renforcée de robots intelligents. Cela fait au moins 20 ans que nous avons vu apparaître des robots dans les usines. Mais la nouvelle génération de robot est infiniment plus performante que la précédente. Elle est intelligente et connectée ! Les robots industriels peuvent à présent collaborer avec les êtres humains grâce à des ruptures technologiques et à des capteurs facilitateurs.
On parle ainsi de l’industrie 4.0.
Non seulement les robots industriels sont de plus en plus intelligents, mais ils sont aussi de moins en moins chers. Une étude le Société Générale (SG Cross Asset Research, 2014) montrait qu’au cours des 30 dernières années, l’efficience des robots s’est accrue de 300%, alors que leur coût a diminué de 80%. Enfin, il faut noter aussi que ces dernières générations de robots sont plus respectueuses de la planète, en étant moins consommateur d’énergie.
Il nous parait tout à fait judicieux d’investir dans les entreprises qui élaborent des robots intelligents destinés à améliorer le processus industriel. Ces sociétés permettront ce mouvement de réindustrialisation dans les pays désertés par les usines. Elles permettront également aux entreprises de mieux gérer les périodes de crises comme celles que nous traversons. Certains secteurs se trouvent fragilisés par la crise du COVID-19 parce qu’ils n’ont pas assez investis dans la robotique et l’automatisation des process de production. Ils ont dû se mettre à l’arrêt quand d’autres pouvaient continuer à fonctionner en toute sécurité. On peut jouer cette thématique porteuse qu’est la robotique au travers différents fonds comme par exemple Pictet Robotics (géré par Pictet AM) ou Echiquier Robotics (La Financière de l’Echiquier).
Il est bien loin le temps où les Echos titrait : « vers une France sans usines ? ». C’était le 1er novembre 2002, au moment où le patron d’Alcatel, Serge Tchuruk, rêvait lui-même d’une entreprise sans usine. Les propos de ce capitaine d’industrie ont été prémonitoires pour Alcatel et pour la France et ont ouvert une longue période de déclin de l’économie française.
Si on réussit la transformation de l’économie dont rêvent les Français aujourd’hui, le monde d’après le COVID-19 pourrait bien ressembler au monde d’avant, en mieux.