Edito du mois : Le prix de la qualité


Mis à jour le: 29/04/2021 à 13h40 par Jonathan Levy

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Les marchés financiers s’adressent aux optimistes. Alors que la situation sanitaire se dégrade nettement en Inde et au Brésil, où des nouveaux variants du virus apparaissent, les marchés financiers battent des records aux États-Unis et en Europe. En France par exemple, le CAC 40 a dépassé son plus haut niveau des 20 dernières années. Les marchés financiers ne regardent que les bonnes nouvelles et délaissent les mauvaises, mais cela est-il durable ?

 

La bourse salue depuis le début de l’année une reprise économique forte et solide partout dans le monde.

Dans les pays qui ont pris de l’avance sur les campagnes de vaccination, cela est particulièrement visible. C’est le cas par exemple aux États-Unis où la croissance pourrait déjà atteindre 5% au 1er trimestre. Et de surcroît, on constate actuellement une accélération de la croissance qui pourrait atteindre les 9-10% aux 2ème et 3ème trimestre.

Plusieurs facteurs soutiennent ce puissant rebond. Tout d’abord la consommation devrait connaitre un niveau très élevé, alimentée à la fois par des transferts budgétaires et par l’épargne des ménages qui a atteint des records pendant les périodes de confinement. Ensuite, du côté des entreprises, on constate un rebond de l’optimisme grâce aux campagnes de vaccinations. Cet optimisme favorise la création d’emplois et participe aussi rebond de l’investissement. A cela, s’ajoute un plan massif annoncé par Joe Biden en faveur des infrastructures pour un montant de 2 200 milliards de dollars, ce qui est équivalent à 1,5% de PIB annuel pendant 8 ans. Enfin, la FED continue de tenir une politique monétaire très accommodante malgré la remontée de l’inflation.

 

En Europe, la reprise est un peu décalée dans le temps par rapport aux États-Unis, mais elle n’est pas remise en cause. Elle devrait être également très forte dès le 2ème trimestre, avec un rythme annualisé de 8%.  Depuis le début de l’année, on constate déjà une nette amélioration dans l’industrie dont les indicateurs avancés sont au plus haut depuis 24 ans.

En Chine, la croissance a commencé à rebondir dès la mi-2020, et décélère un peu cette année. Elle devrait toutefois s’établir à 8,5% pour l’ensemble de l’année.

 

Au global, on s’attend à ce que l’économie mondiale progresse de près de 7% cette année, grâce à l’efficacité des vaccins, mais aussi au rebond du commerce mondial qui profite de la forte demande en produits manufacturés (biens électroniques et produits pharmaceutiques en particulier).

 

Quels sont les risques ?

 

Les investisseurs ont de vraies raisons d’être optimistes pour l’avenir. Mais quels sont les risques sur les marchés financiers dans les mois qui viennent ?

 

Outre le risque d’une nouvelle vague épidémique qui serait provoqué par un variant pour lequel les vaccins actuels ne sont pas efficaces, deux risques pèsent actuellement sur les marchés.

Le premier est celui lié à la remontée de l’inflation. Un débat fait rage entre les banques centrales de la planète : cette remontée est-elle structurelle ou conjoncturelle. Dans le 1er cas, les banques centrales devraient agir très vite afin d’éviter que l’inflation ne devienne incontrôlable, dans le 2nd cas, il faut au contraire éviter de sur-réagir pour éviter de casser la reprise actuelle. La FED et la BCE semblent être alignée actuellement et soutiennent la thèse de la remontée temporaire de l’inflation, ce qui est favorable à court terme.

Le second risque qui pèse sur les marchés est le 2nd volet de la politique expansionniste de Joe Biden. Le 1er volet est très favorable à la croissance, le 2nd beaucoup mois. Il s’agit des hausses d’impôt qui permettraient de financer en partie le plan sur les infrastructures. Ce financement prévoit notamment une hausse significative de l’impôt sur les sociétés de 21 à 28% (Trump l’avait abaissé de 35 à 21%), et la mise en place de règles assez strictes qui empêcheraient les multinationales d’optimiser l’impôt au point de ne pratiquement plus rien payer sur le sol américain. Les entreprises les plus touchées par ces hausses d’impôt sont les grandes entreprises du Nasdaq, en particulier les GAFAM.

Mais pour rassurer les investisseurs, les résultats du 1er trimestre publiés par les premières entreprises au monde sont phénoménaux. Ceux d’Alphabet (maison mère de Google) atteignent 17 milliards de dollars pour le seul 1er trimestre de cette année. La croissance de la marge est remarquable et pourrait faire taire les pessimistes quant au débat sur le niveau de valorisation : une société qui augmente son résultat de 162% sur un an se paie cher. C’est le prix de la qualité.

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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