Edito du mois : Le soleil se lève à l’Est
Publié la première fois le: 26/02/2021 à 09h05
Mis à jour le: 26/02/2021 à 10h50
par Jonathan Levy
Le 9 novembre dernier, Pfizer et son partenaire allemand BioNTech annonçaient une efficacité de 90% de son vaccin contre le COVID-19, lors de l’étude de phase 3 sur des milliers d’individus. Un simple tweet du patron du labo américain a enflammé les bourses mondiales, le CAC 40 ayant lui-même fini à +7,5% le jour même. Les marchés financiers anticipaient que le vaccin était LA solution à la crise actuelle puisqu’on pourrait reprendre une vie presque normale. Or un petit pays, Israël, a pris une avance considérable dans la vaccination, ce qui en fait une sorte de laboratoire géant permettant de vérifier en grandeur réelle si les anticipations des bourses étaient bien fondées. Les résultats sont très probants pour le moment.
L’ampleur de la vaccination est une donnée essentielle non seulement dans le domaine sanitaire, mais aussi sur le plan économique. Ce qui compte pour l’économie, c’est avant tout les mesures de restriction de circulation prises par les autorités. Or, le premier critère qui conduit les autorités à décider un nouveau confinement est le risque de voir les hôpitaux saturés, en particulier dans les services de réanimation.
Israël a commencé à vacciner massivement sa population fin décembre. Au 15 janvier, 26% de la population avait reçu une 1ère dose. Au 12 février, ce chiffre atteignait les 70% (dont 85% pour les plus de 60 ans). Résultat ? les hospitalisations des plus de 60 ans a commencé à baisser le 15 janvier, quand celles des moins de 60 ans continuaient de monter. Cette décrue était donc imputable à la vaccination et non au seul confinement décidé fin décembre. Trois semaines après, la baisse des hospitalisations était déjà de 40%. Le gouvernement a ainsi pu entreprendre la réouverture de son économie et de ses commerces à partir de mi-février.
Où en sont les autres pays en termes de vaccination ?
Au 20 février, 26% de la population du Royaume-Uni avait reçu une première dose, 18% aux États-Unis et 6% en Europe.
Mais le rythme élevé de vaccination aux États-Unis devrait permettre d’atteindre le seuil de 70% de la population vaccinée au mois de mai. Si les scientifiques s’accordent à dire que l’immunité collective est atteinte avec un taux de vaccination de 70%, il est probable que les premiers bénéfices apparaissent dès lors que 30% de la population est vaccinée.
Si on considère que la structure de la population par âge est proche de celle d’Israël, et que la politique de vaccination est la même (priorité au personnes âgées, aux personnels soignants et au personnes fragiles), on peut imaginer que les effets sur le nombre d’hospitalisations interviennent très rapidement aux États-Unis et au Royaume-Uni, et avec un décalage de deux mois en Europe. Dès lors, on peut envisager un assouplissement des restrictions de circulation dès le mois de mars au Royaume-Uni et aux États-Unis, et au cours du 2ème trimestre pour l’Europe, avec un rebond très net au cours de l’été.
En termes de croissance économique, cela conduit les économistes à prévoir une reprise très puissante au 2ème trimestre aux États-Unis (autour de 10% contre 2 ou 3% au 1er trimestre), en zone euro (autour de 12%) et même dans l’ensemble du monde (environ 8%). Ceci conforte donc les bourses mondiales qui ont anticipé cette reprise dès le mois de novembre. Ceci explique également la rotation sectorielle que nous vivons actuellement : les valeurs cycliques rebondissent alors que les valeurs de croissance corrigent un peu leur excès de valorisation.
Dans ce contexte, les stratégies qui jouent sur un rebond de la croissance et de l’inflation, avec des taux d’intérêts nominaux qui restent contenus grâce à la mobilisation constante des banques centrales, devraient être gagnantes sur les prochains mois : les actions en général, et en particulier les valeurs cycliques, les financières et les matières premières. Ce contexte devrait aussi être favorable à l’immobilier. En revanche, nous continuons de penser que les obligations (en particulier les obligations souveraines) comportent plus de risques que d’opportunités dans la situation actuelle.