Edito du mois : L’enjeu des élections américaines dans le contexte de crise sanitaire


Mis à jour le: 02/11/2020 à 10h58 par Jonathan Levy

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Le 3 novembre aura lieu l’élection du prochain président des États-Unis. Certains pourraient penser que cela ne nous concerne pas vraiment, nous français.

Mais ne nous méprenons pas : l’économie reste globalisée malgré la crise que nous traversons. Un battement d’aile de papillons à l’autre bout de la terre peut avoir des conséquences chez nous, un virus apparu dans une région reculée, à 11 000 km de la France métropolitaine a un impact sur nos vies et nos économies.

Compte tenu du poids des États-Unis dans les indices internationaux, la semaine prochaine s’avère cruciale pour les marchés financiers. Si les sondages continuent de mettre Biden en tête, le système électoral américain particulier ne permet pas de prédire avec certitude le gagnant de l’élection. En fonction du scénario retenu, que pouvons-nous attendre de la future administration américaine pour les marchés financiers ?

 

Il est assez clair que les marchés ont une préférence pour le parti républicain, habituellement plus « pro business » que les démocrates. Si on regarde les programmes, on voit que la partie fiscale de Joe Biden pourrait inquiéter les marchés financiers. Il prévoit une hausse de l’impôt sur les sociétés de 21 à 28% (que Trump avait abaissé de 35 à 21% pendant son mandat). Il prévoit également une hausse de l’impôt sur le revenu pour les hauts salaires (supérieur de 400 000 $ / an) et une hausse de la taxation des plus-values et dividendes pour les très hauts salaires (supérieurs à 1 000 000 $ / ans).

 

A l’inverse, d’autres parties du programme des démocrates pourraient doper l’économie dès 2021, et devraient être favorablement accueillies par les marchés financiers. Le plan de relance prévu par Joe Biden est nettement plus ambitieux que celui de Donald Trump. L’impact de la relance budgétaire proposée par le candidat démocrate est de 2,5% de PIB, il permettrait largement de compenser l’effet du resserrement budgétaire décidé par les Républicains, initialement prévu pour 2021.

Compte tenu de la situation actuelle, il serait assez probable que Joe Biden diffère la hausse des impôts, qui n’interviendrait qu’en 2022, alors que la hausse des dépenses (sociales, santé et infrastructure) interviendrait dès 2021.

 

« Il existe un adage en bourse : les Républicains sont bons pour les marchés, les Démocrates sont bons pour l’économie.»

Quand on regarde l’évolution de la bourse américaine depuis 1991, période qui couvre les quatre derniers présidents, on se rend compte que cet adage est faux : l’indice S&P 500 a progressé de 210% pendant la présidence de Clinton et de 167% pendant celle d’Obama, il a reculé de 37% pendant celle de Bush, et a progressé de 50% pendant celle de Trump.

L’analyse de l’historique montre également que la présidence Trump a été source de forte volatilité pour les marchés financiers, avant même la crise du Covid-19, et alors que l’économie se portait bien. Cela tient à la fois au style du président en exercice, mais aussi et surtout au programme de celui-ci, qui mise sur une guerre commerciale avec ses partenaires, en particulier la Chine. La hausse des taxes douanières n’a pas apporté la solution au problème bien réel que Trump avait perçu pendant sa campagne en 2016.  Mais elle a été la cause de véritables turbulences sur les marchés financiers. Si Joe Biden était élu, on peut s’attendre à un climat plus apaisé avec les partenaires des États-Unis, source de plus grande stabilité financière.

 

Enfin, l’histoire de ces trois dernières décennies nous montre surtout que les marchés financiers sont avant tout sensibles au contexte économique, plus qu’à la couleur politique du président des États-Unis (dont je vous laisse juges s’ils sont partiellement responsables des dernières grandes crises économiques). L’évolution de la bourse dépendra plus de l’évolution de la crise sanitaire que du résultat de l’élection américaine mardi prochain.

 

La 2ème vague de l’épidémie qui frappe l’Europe marque un coup d’arrêt à la reprise économique observée depuis le mois de mai. Malheureusement, l’Europe ne connaitra pas le scénario en V comme la Chine le vit actuellement.  Les marchés financiers accusent encore le coup, avec une correction marquée depuis le point haut observé début juin, quand le CAC 40 avait atteint les 5200. Et depuis le début de l’année, la correction est à présent de 23% sur l’indice phare.

 

Mais on s’attend à ce que l’impact économique des mesures de restriction prises en Europe soient plus faible qu’au Printemps. De plus, toutes les régions du monde ne sont pas touchées de la même façon, si bien que la croissance mondiale devrait moins souffrir qu’au 1er semestre de cette année avec la première vague.

Lors de la 1ère vague, les indices mondiaux ont commencé à rebondir seulement une semaine après le début du confinement en France.

Compte tenu des perspectives de vaccin (5 vaccins font l’objet d’études cliniques de phase 3), et surtout des plans de relance à venir (notamment en cas de victoire démocrate au Sénat, qui permettrait à Joe Biden de mettre en œuvre complétement ses mesures de soutien et de relance), les niveaux actuels de la bourse nous semblent être un bon point d’entrée sur les marchés actions.

 

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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