Edito du mois : Rendre l’avenir possible


Mis à jour le: 18/12/2020 à 11h08 par Jonathan Levy

Edito du mois - décembre 2020 - Rendre l'avenir possible - couv

En cette fin d’année, comme tous les ans à la même période, nous sommes tentés d’établir un bilan de l’année écoulée et d’évoquer nos prévisions pour l’année qui vient. Quel sera le niveau du CAC 40 fin 2021 ? La bourse qui a atteint des niveaux stratosphériques, notamment aux États-Unis, va-t-elle subir un contrecoup l’année prochaine ? Mais presqu’un an après le début de cette crise sanitaire sans précédent qui a fait voler en éclat toutes les prévisions que nous avions pu lire, l’humilité nous semble être de rigueur.

 

Il est vrai que les actions évoluent actuellement sur des niveaux historiquement élevés d’après la plupart des critères utilisés par les professionnels de la gestion. Que ce soit par rapport aux profits passés ou à venir, par rapport à la valeur nette comptable ou à la génération de cash flow. D’après les Echos, les actions américaines ont même dépassé leur niveau de 1929, juste avant la Grande Dépression, selon le ratio du cours rapportés aux bénéfices de long terme.

Ces indicateurs, qui devraient normalement nous inquiétés, n’annoncent pas pour autant un krach à venir ou même une correction des marchés. Car, en comparaison aux obligations, les actions offrent un rendement potentiel élevé. La prime de risque des actions (qui se mesurent en retranchant le rendement des emprunts d’Etat au rendement potentiel des actions) est proche de ses plus hauts historiques. Selon ce critère, les actions sont très attractives aujourd’hui.

Certes, les actions évoluent sur des niveaux élevés, mais la chute des taux d’intérêt est encore plus vertigineuse. Si on prend l’exemple de la France, le taux des obligations d’Etat à 10 ans est actuellement autour de -0,35%. En Europe, 72% de la dette souveraine est à taux négatif. Ceci est la conséquence de l’action des banques centrales qui injectent toujours plus de liquidité dans le marché pour répondre à la crise. En 2020, les banques centrales de la planète ont injecté en cumulé 8 000 milliards de dollars dans le marché. Ce chiffre ne nous parle pas vraiment tellement il comporte de 0, mais il correspond en fait à près de 10% du PIB mondial. Ceci fait de la politique monétaire des banques centrales la plus accommodante de toute l’histoire, jamais elles n’avaient injecté autant de liquidités dans le marché, même au moment de la crise des subprimes. Entre 2009 et 2018, elles injectaient entre 2 et 4% de liquidité par an pour gérer cette crise financière sans précédent.

 

Est-ce que ces conditions de marché favorables peuvent perdurer ?

 

La réponse est clairement oui ! Les banques centrales ont explicitement annoncé qu’elles avaient la volonté de maintenir des conditions de financement extrêmement favorables, et elles en ont les moyens. On s’attend en 2021 à ce qu’elles injectent encore 5 000 milliards de dollars de liquidité, soit 6% du PIB mondial, qui vont s’ajouter aux sommes déjà déversées jusqu’à aujourd’hui. Or, ce qui compte pour maintenir des taux bas, c’est surtout le stock de dettes détenu par les banques centrales.
Les banques centrales ont les moyens de cette politique, car l’inflation reste sur un niveau terriblement bas. A vrai dire, il est même négatif en septembre pour la zone euro. Or, l’objectif de la BCE est qu’il s’approche de 2%, la route est donc encore très longue. Si certains s’inquiètent de tant gesticulation de la part des banques centrales, la question n’est pas tant de savoir si elles font trop, mais si elles en font assez.

Saint-Exupéry disait : « de ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible ». L’important n’est pas de prédire l’avenir, mais de le préparer : sommes-nous prêts pour relever les multiples défis qui s’annoncent après cette crise sanitaire aux conséquences inédites ? Les plans de relance des Etats qui vont s’étaler sur plusieurs années, financés par des banques centrales énergiques, nous laissent espérer que nous avons la volonté nécessaire et que nous nous donnons les moyens réussir.

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr