Edito du mois : Une hausse des taux salutaire


Mis à jour le: 04/07/2018 à 08h37 par Jonathan Levy

Edito hausse taux - Janvier 2018

C’est le grand mystère de ces dernières années en économie : où est passée l’inflation ? A-t-elle définitivement disparu des écrans radars ?

Derrière ce débat technique, se cachent des préoccupations bien réelles et légitimes sur la faiblesse du pouvoir d’achat et le niveau élevé du chômage.

La mondialisation d’une part et la nouvelle économie d’autre part ont-elles eu raison de ce qui a longtemps gangrené notre économie ? A quoi faut-il s’attendre dans les années à venir ?

 

La première raison de baisse structurelle de l’inflation tient à la mondialisation. Pendant longtemps, les entreprises ont cherché à délocaliser leur production dans des pays à bas coût. Cela a certes provoqué une baisse de l’inflation, et donc une hausse du pouvoir d’achat, mais cela s’est aussi accompagné d’une dégradation importante du marché de l’emploi. Ce qu’on a gagné d’un côté, on l’a perdu de l’autre.

Autre facteur souvent évoqué, la nouvelle économie. Le sujet vient probablement du fait qu’internet permette au consommateur de mieux faire le tour du marché et donc de faire jouer la concurrence, en choisissant plus facilement les prix les plus bas. Dans le domaine du crédit par exemple, on constate que les gens sont mieux informés sur le niveau des taux d’intérêt. Auparavant, il fallait faire le tour des banques physiquement, alors qu’aujourd’hui, en un clic de souris, il est possible de faire des simulations avant de renégocier son crédit et profiter de la baisse des taux d’intérêt.

On peut aussi penser que les nouvelles technologies, avec la robotisation et l’intelligence artificielle en particulier, permettent de baisser les coûts de production. Mais cela ne se voit pas vraiment dans les chiffres. Les gains de productivité des entreprises sont de plus en plus faibles.

 

« Le taux d’inflation serait en fait un thermomètre de la vigueur du marché du travail et de l’économie en général. »

La faiblesse de l’inflation tiendrait peut-être à la faiblesse de la demande. Si on raisonne au niveau de la France, le niveau élevé du chômage explique à lui seul la faiblesse de l’inflation. C’est la fameuse courbe de Philipps : il y a lien direct entre le taux de chômage et l’inflation, plus le chômage est élevé, plus l’inflation est basse. Mais cette explication devient incompréhensible pour des pays comme l’Allemagne ou les Etats-Unis qui connaissent des situations de plein emploi, avec un taux de chômage de 4,1% pour ce dernier.

En fait, le taux de chômage traduit mal la réalité du marché du travail. Le taux d’emploi aux Etats-Unis est au plus bas depuis 4 décennies. Beaucoup de gens ne recherchent plus de travail parce qu’ils n’en trouvent pas, et se découragent. Ils sortent alors des statistiques.

Du coup, le taux d’inflation serait en fait un thermomètre de la vigueur du marché du travail et de l’économie en général. Lorsque l’inflation sera repartie à la hausse, on aura alors la preuve que l’économie tourne à plein régime, et qu’elle est enfin proche du plein emploi.

Cela est-il envisageable dans un avenir proche ?

 

C’est tout à fait possible. La croissance américaine a déjà commencé à accélérer en 2017 et la réforme fiscale de Donald Trump, votée in extremis en décembre dernier, pourrait la doper encore un peu plus.

La baisse massive de l’impôt sur les bénéfices des entreprises (de 35 à 21%) devrait avoir deux conséquences : cela devrait accompagner la reprise de l’investissement déjà observée l’année dernière, et permettre aussi aux entreprises de revoir les salaires à la hausse. Certaines entreprises emblématiques ont déjà fait des annonces dans ce sens (Wal Mart, …).

Depuis le début de l’année, les taux d’intérêt ont déjà commencé à remonter, par anticipation d’une reprise de l’inflation. C’est notamment le cas aux Etats-Unis, et un peu en Europe.

10 ans après le début de la crise des subprimes, les stigmates laissés par cette grande dépression économique commencent enfin à s’effacer.

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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