Edito du mois : Une récession salutaire, des opportunités d’investissement


Mis à jour le: 31/05/2022 à 16h09 par Jonathan Levy

Edito du mois - Mai 2022 - Une récession salutaire - couv

Edito du mois - Mai 2022 - Une récession salutaire - couv

Un débat agite les intervenants de marchés et provoque de la volatilité sur les indices internationaux. La crise actuelle qui se traduit par une inflation hyper élevée peut-elle se résoudre par un soft landing (atterrissage en douceur) ou va-t-elle nécessairement aboutir à une récession dans les pays avancés ? Que doivent faire les investisseurs dans une situation d’incertitude autour de la résolution de cette crise ?

 

L’inflation est toujours en phase d’accélération dans la zone euro, et les nouvelles sanctions sur le pétrole russe ne vont pas arranger la situation, bien au contraire. L’Union Européenne vient de décider de se passer de 90% du pétrole russe avant la fin 2022, ce qui a fait bondir le brent de 10% en une semaine. Dans son ensemble, la zone euro connait une inflation de 8,1% en mai, après un taux de 7,4% en avril. Si la France est un peu en retrait de ce mouvement grâce à son mix énergétique (l’inflation globale est de 5,2% en mai), l’Allemagne est fortement touchée avec une inflation qui passe de 7,8% en avril à 8,5% en mai, soit le taux le plus élevé depuis 1972 !

 

Pour certains, ce pic d’inflation provoquera une récession, dans les mois qui viennent, peut-être en 2023. En effet, depuis 1955, il n’y a jamais eu de pic d’inflation supérieur à 4%, avec un taux de chômage inférieur à 5% (ce qui est le cas aux Etats-Unis), qui n’ait été suivi d’une récession dans la foulée, au plus tard dans les 2 années qui ont suivi. Le mécanisme est bien connu : pour lutter contre l’inflation élevée, la banque centrale est amenée à durcir sa politique monétaire au point de casser la croissance. De plus, le contexte global reste compliqué actuellement, avec des tensions géopolitiques qui persistent, la désorganisation des chaines d’approvisionnement en Asie (notamment provoqué par la politique « zéro Covid »), de vrais problèmes de logistiques mondiaux, et des prix de matières premières qui restent stratosphériques.

 

Mais ce scénario n’est pas certain pour autant, même si l’analyse du passé lui donne de bonnes chances de réalisation. Depuis une semaine, la FED tente d’ajuster son discours, en indiquant qu’elle était prête à ralentir le rythme de hausse des taux si la croissance venait à faiblir. L’inflation a commencé à ralentir aux Etats-Unis, et la consommation des ménages semble résister pour l’instant malgré la hausse des prix, et l’impact sur le pouvoir d’achat. La politique monétaire menée par la FED est effectivement la clef sur cette question délicate : elle doit mener le changement de politique avec le plus de doigté pour éviter soit de tomber en récession (si elle va trop vite), soit de laisser l’inflation s’installer durablement (si elle patiente trop). Il existe un chemin de crête, très étroit, qui doit permettre à la FED de nous sortir de cette situation sans trop de dégât.

 

Quid des marchés financiers dans ce contexte ?

 

Si la récession n’est pas certaine, on peut quand même se demander quel serait l’impact d’un ralentissement économique ou d’une récession sur les marchés financiers. En cas de récession, on constate en moyenne une baisse de 26% des actions (constatée sur l’indice américain S&P 500) entre le point le plus haut et le point le plus bas. Le S&P 500 ayant déjà baissé de 14% par rapport à son pic, il ne resterait plus qu’une baisse de 12% en cas de récession à venir. On constate que toutes les actions ne sont pas logées à la même enseigne, avec par exemple des baisses conséquentes sur les valeurs industrielles (-43%), et des baisses moins marquées pour la santé (-21% en moyenne).

 

Si la récession est plausible, elle n’est pas certaine non plus. Il faut se rappeler que nous sommes actuellement sur un long cycle de croissance animé notamment par les valeurs technologiques et la 4è révolution industrielle. Ce cycle est actuellement perturbé par une inflation élevée, qui pourrait être purgée par une récession économique. Légère, et passagère, elle pourrait être la bienvenue pour aller ensuite de l’avant sur ce long cycle économique. En tant qu’investisseur de long terme, il parait opportun d’investir dans les actions dîtes de qualité, c’est-à-dire celles qui résistent le mieux à un environnement incertain, et qui offre un potentiel de croissance une fois la confiance revenue. Et dans tous les cas, c’est le moment de rappeler le principe de base en matière de gestion de portefeuille. La diversification doit être la règle d’or : diversification géographique, et sectorielle, diversification par classe d’actifs (actions, obligations, immobilier, infrastructures, …).

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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