Mon souhait pour 2016…


Mis à jour le: 21/01/2016 à 20h25 par Jonathan Levy

Homme croisant les doigts

 

Depuis 18 mois, les marchés financiers vivent au rythme du pétrole. Chaque jour où les prix du baril baissent, les bourses du monde entier flanchent. Lorsqu’ils repartent à la hausse, les indices reprennent des couleurs.

Le prix du brent a touché les 27 $ mercredi 20 janvier, ce qui représente une baisse de 27% depuis le 1er janvier. En deux ans, il aura baissé de 75%. Le CAC 40 est à présent en baisse de 22% par rapport à son plus haut niveau atteint en 2015.

 

La baisse des prix est-elle durable ?

 

Le prix est l’équilibre entre l’offre et la demande. D’un côté on craint que la demande ne ralentisse du fait de l’économie chinoise. De l’autre côté, l’offre est surabondante pour deux raisons. Les Etats-Unis sont devenus en quelques années un gros producteur grâce au pétrole de schiste, et l’Iran a été réintroduit dans la course (grâce aux Etats-Unis ?) et prévoit d’augmenter sensiblement sa production au cours du 1er semestre.

Cette crise du secteur pétrolier est avant tout liée à un manque de coordination entre les pays producteurs. Les chiffres montrent une réelle absurdité des acteurs en présence. On produit chaque jour environ 80 millions de barils. Selon les experts, il y aurait un excédent de 2 à 3 millions, c’est-à-dire 3 à 4% de surproduction seulement. Autrement dit, il suffirait que les producteurs s’entendent pour baisser les volumes produits de 3 à 4% globalement pour que les prix se stabilisent autour de 50 – 60 $. Parce qu’ils refusent de s’entendre, ils perdent plus de 50% de leurs revenus ! Comme toute entreprise bien gérée, il suffirait que ces pays privilégient les marges aux volumes pour faire progresser leur richesse.

Nous vivons une nouvelle forme de choc pétrolier. Les tensions géopolitiques du Moyen-Orient ne provoquent plus une flambée de l’or noir, mais au contraire précipitent sa chute. Sauf à penser que les installations pourraient être détruites par la partie adverse, les tensions accentuent le risque de ne pas trouver d’accord sur une baisse de la production.

Les producteurs préfèrent jouer une autre partition que celle de la coordination, c’est la stratégie qui consiste à étouffer le pays concurrent et ennemi, au risque d’y laisser des plumes. Les pays producteurs sont tous dans une situation très délicate sur le plan économique, mais peut-être que la volonté de voir leur ennemi souffrir est plus forte que le bien-être de leur population.

La théorie des jeux montre que l’entente et la coordination sont toujours plus efficaces que la stratégie individuelle sur le long terme. Malheureusement, l’individualisme et le repli sur soi auront connu une grande avancée en 2015. On le voit à tous les niveaux.

Les banques centrales qui ont été si efficaces dans le passé tardent à réagir. En effet, la 1ère conséquence de la baisse des matières premières est le risque de déflation qui menace plus que jamais. Pour lutter contre ce scénario, les grandes banques centrales de la planète doivent agir. Il faut qu’elles accentuent encore leur politique accommodante, et ce de manière coordonnée, pour éviter une guerre des changes (notamment euro, dollars, yuan) qui ne profiterait à personne. Cela créerait de la volatilité sur les devises qui déstabiliserait les investisseurs. Bien sûr elles doivent tenir compte avant tout de la situation économique de la zone monétaire dont elles ont la responsabilité. Mais il devient impératif qu’elles se concertent et qu’elles coordonnent leurs actions. Elles doivent adopter chacune des mesures spécifiques mais qui devraient rentrer dans le cadre d’une politique monétaire globale.

Que ce soit sur le plan monétaire, sur les matières premières ou plus généralement sur les politiques économiques, la crise que nous traversons est une crise de la gouvernance mondiale. Mon souhait pour 2016 : que le monde progresse sur cette question majeure, pour le bien de tous, pour le bien de chacun.

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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