Fluctuat nec mergitur : impact des attentats sur l’économie Française


Mis à jour le: 21/01/2016 à 10h42 par Jonathan Levy

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La devise de la ville de Paris depuis 1853 est plus que jamais d’actualité. Fluctuat nec mergitur, il est battu par les flots mais ne sombre pas. C’est bien ce qu’on mesure sur le plan économique.

Dans la semaine qui a suivi les attentats on s’est légitimement interrogé sur l’impact économique de tels événements, quand on sait que le tourisme représente 7,5% du PIB.

On a pu observer dans les premiers temps que les restaurants se sont vidés, les hôtels ont été touchés par le départ massif des étrangers de la capitale. Ces impressions sont corroborées par les premiers chiffres publiés sur le sujet. Aéroport de Paris a communiqué sur le trafic passagers pour le mois de novembre : alors qu’il était en hausse de 3,5% du 1er au 13 novembre, il a ensuite reculé de 6%. On imagine alors le manque à gagner sur toutes les dépenses indirectes, le luxe notamment.

Mais finalement, on s’aperçoit très vite que l’impact économique est très circonscrit et finalement limité dans son ampleur et en temps. La Banque de France prévoit un impact de 0,1% sur la croissance, soit la marge d’erreur statistique. On a pu observé ce phénomène à chaque fois que cela s’est produit (New York, Madrid, Londres). La vie reprend ses droits, et c’est finalement la meilleure réponse que l’on puisse apporter au terrorisme.

Une inquiétude pèse sur les marchés actuellement, c’est l’impact de la baisse du pétrole.
Les prix du baril ont touché un plus bas de 7 ans, entrainant dans leur chute quasiment toutes les matières premières.
Cela peut paraître paradoxal, puisque la grande majorité des pays développés, qui sont importateurs de pétrole, profitent de cette baisse. Même si les prix des produits qu’on achète ne reflètent pas toute la baisse des matières premières, cela redonne du pouvoir d’achat aux ménages et baisse les coûts des entreprises.

Cela étant, cette baisse vertigineuse met en péril une partie des entreprises du secteur. On craint surtout une vague de faillites sans précédent dans le secteur, notamment aux Etats-Unis avec le gaz de schiste. Certaines entreprises très endettées pourraient ne plus pouvoir rembourser les obligations émises, ce qui mettrait à mal des banques et des hedges fund. On voit d’ailleurs les taux exploser sur le segment des obligations à haut rendement, ce qui témoigne de la frilosité actuelle des investisseurs.

Malheureusement pour ces acteurs, il est fort à craindre que la baisse des prix soit durable. Bien malin celui qui peut dire à quel niveau les prix vont se stabiliser. Cet effondrement des prix provient d’une mésentente des pays producteurs, parmi lesquels on trouve l’Arabie Saoudite, la Russie, les Etats-Unis et bientôt l’Iran. On voit mal comment ces pays pourraient se mettre d’accord à court terme pour adapter l’offre surabondante. Vraisemblablement la production américaine déclinera mécaniquement, non pas pour faire plaisir aux saoudiens ou aux russes, mais parce que les investissements ont chuté. De l’autre côté, la production iranienne ne peut que monter en puissance, après avoir été bridée pendant 10 ans.

Cela dit, nous pensons tout de même que la réaction des marchés est excessive. La reprise économique dans la zone euro est bien en marche. Les résultats des entreprises devraient continuer à progresser, aidés par un euro faible, des taux bas et un pétrole bon marché. Entre le 1er janvier et le 15 décembre l’eurostoxx 50 n’a progressé que de 3%, après avoir stagné en 2014. Ce niveau ne nous semble pas refléter la réalité économique. Nous continuons de penser que les actions européennes présentent aujourd’hui le meilleur potentiel d’appréciation.

Cette année, les soldes ont commencé avec un mois d’avance !

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr

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