Hausse des taux : une période de transition qui dure


Mis à jour le: 28/09/2023 à 14h25 par Jonathan Levy

 

Il faut bien le reconnaitre, la hausse récente des taux longs a surpris beaucoup d’investisseurs. Alors que la croissance européenne patine et que les indicateurs avancés ne cessent de reculer, le rendement de l’emprunt d’État français est remonté de 2,95% en avril à 3,35% fin septembre. Pourtant, l’inflation a bien reculé en France sur cette période, puisqu’elle est passée de 5,90% en avril à 4,90% en août (dernier chiffre connu), sur un an glissant.

Comment s’explique ce paradoxe ? Que pouvons-nous attendre de l’évolution future des taux à long terme ? Que faut-il en déduire pour les stratégies patrimoniales ?

La principale explication de la hausse récente des taux d’intérêt vient de l’action et du discours des banques centrales. Lors de la dernière réunion de politique monétaire, la FED n’a pas relevé ses taux, mais elle a indiqué se réserver le droit de le faire prochainement (dès décembre ?) si l’inflation ne baissait pas suffisamment. Elle a également ajouté un élément qui constitue un vrai changement dans la perception du marché : elle envisage de maintenir des taux élevés pendant une période longue alors que jusqu’à présent, on pensait qu’elle baisserait ses taux dès 2024. Quant à la Banque Centrale Européenne (BCE), elle a encore une fois remonté son principal taux directeur de 0,25% : il s’agit de la dixième hausse consécutive en 14 mois, ce qui constitue la plus rapide hausse des taux de l’histoire de la BCE. Cela porte le taux de dépôt à 4%, le plus haut niveau jamais atteint depuis la création de la BCE.

Le discours de la Banque Centrale Européenne est certes moins « dur » que celui de la FED – puisqu’elle explique qu’un plafond aurait été atteint sur les taux – mais elle s’empresse de rajouter que si les taux sont maintenus à ces niveaux suffisamment longtemps, l’inflation devrait revenir sur le niveau cible de 2%. Là encore, elle laisse entendre que les taux ne vont pas baisser aussi rapidement que prévu.

Concernant les taux à long terme, on s’attend tout de même à ce qu’ils baissent plus rapidement que les taux courts. En effet, les taux à long terme sont la résultante des anticipations des taux courts. Ainsi, les perspectives de croissance économique rentrent plus en ligne de compte sur le long terme. Or, de ce point de vue, les nouvelles (notamment les indicateurs d’achat) en Europe montrent un net ralentissement de la zone euro. Si le pétrole se stabilise, les taux à long terme pourraient rebaisser d’ici la fin de l’année et au cours de 2024.

Dans ces conditions, quelles décisions prendre sur les différentes classes d’actifs ?

Les classes d’actifs qui profitent le plus de ce scénario de stabilisation des taux à long terme sont les obligations, que l’on peut notamment acheter au travers des fonds à échéance. Les taux de rendement sont satisfaisants et leurs valeurs pourraient bénéficier d’une éventuelle baisse des taux qui finira par intervenir dans un second temps.

En revanche, le marché des actions cotées est plus impacté par le ralentissement économique. Le niveau actuel relativement cher ne permet pas d’envisager des performances élevées à court terme. Des points d’entrée plus intéressant pourraient être trouvés si l’on étale son investissement dans la durée.

En réaction à la hausse des taux observés depuis l’été 2022, le marché de l’immobilier a commencé à corriger. Certaines SCPI ont été contrainte d’ajuster à la baisse leur valeur de prix de souscription, ce qui permet en contrepartie de remonter les perspectives de rendement. À présent, notre vision est que beaucoup de SCPI présentent dorénavant un rendement intéressant. Il convient d’analyser la prime de risque de ces véhicules, c’est-à-dire l’écart entre le taux de distribution et le taux sans risque : on prend généralement l’OAT 10 ans, soit 3,30% aujourd’hui. Lorsque cette prime de risque est suffisante (1,5% pour fixer les idées), on peut estimer que la valeur de l’immobilier est cohérente avec les autres classes d’actifs et que le risque est justement rémunéré. De plus, n’oublions pas que l’épargne immobilière profite de l’inflation actuelle puisque les loyers sont indexés.

Toute l’équipe de bienprévoir.fr se tient à votre disposition pour vous accompagner dans vos choix actuels en matière patrimoniale. L’environnement a beaucoup évolué depuis un an, il nécessite éventuellement de revoir la répartition de votre patrimoine pour traverser au mieux cette période de transition.

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr