Interview de Vincent Cudkowicz sur BFM Business : Décisions historiques de la BCE et impacts pour les épargnants.


Mis à jour le: 22/10/2014 à 14h13 par Vincent Cudkowicz

Le 9 juin, l’impact des annonces de la BCE sur les différentes classes d’actifs, a été le thème abordé par Vincent Cudkowicz, co-fondateur et directeur général de Bienprévoir.fr, dans Intégrale Placements, avec Guillaume Sommerer sur BFM Business

 

Rappelons l’objectif de la BCE le 5 Juin. Mario Draghi n’a pas mis en œuvre ces décisions en pensant aux épargnants, mais plutôt comment relancer l’économie dans la zone euro, en incitant au crédit. Maintenant on est à un tournant historique dont les épargnants doivent prendre la mesure et en conséquence il est peut être temps de réaliser des arbitrages.

Globalement les mesures de Mario Draghi sont elles positives ou non pour les épargnants français ?

Si le double objectif premier de Mario Draghi est de couper le risque de baisse des prix et de relancer le crédit, c’est effectivement une bonne politique à long terme.
En effet l’épargnant n’a rien à gagner à rentrer en déflation car l’économie rentrerait dans de telles turbulences qu’on n’a du mal à imaginer les conséquences que cela pourrait avoir.

Par exemple :

  • Les prix de l’immobilier ainsi que les loyers baisseraient, alors que les remboursements des crédits ne baisseraient pas.
  • Les marchés actions pourraient souffrir pendant des années

Classe d’actifs par classe d’actifs à quelles conséquences on peut s’attendre à moyen terme ?

 

    • Les placements monétaires étaient déjà très bas. Ils vont continuer à baisser.
    • Les livrets : avec une inflation proche de zéro, des taux à la baisse, il va être de plus en plus difficile au gouvernement de maintenir même le taux actuel du livret à son niveau actuel, soit 1,25%. On s’oriente vers un taux à 1%, ce qui avec une inflation en rythme annuelle à 0,7% devient très faible pour l’épargnant.

Cependant les banques veulent maintenir leurs encours sur les livrets, elles vont devoir accroitre le dumping des taux mais cet effort va devenir encore plus couteux avec les décisions de baisse des taux du 5 juin.

  • Les fonds en euros de l’assurance vie : deux éléments à prendre en compte.

Il est sur que les annonces de la BCE du 5 juin dernier ne vont pas aider à la remontée des rendement des fonds en euros pour les années prochaines. Il n’y aura pas un impact direct car ces fonds sont déjà largement investis en obligations d’Etat au moment ou Mario Draghi a annoncé ses décisions, l’impact négatif sera notamment pour les nouveaux entrants. Les fonds en euros plus dynamiques, comme ceux intégrant une poche action, devraient eux bénéficier de la reprise économique, objectif ultime de la BCE. Maintenant, si les mesures annoncées par la BCE ne parviennent pas à enrayer le risque de déflation, même ces fonds en euros dynamiques risqueraient de souffrir.

L’immobilier ?

 

La baisse des taux va continuer, l’endettement va devenir encore plus intéressant, on peut espérer que cela permette au niveau des transactions de reprendre. On peut imaginer un impact également sur les prix mais pas de crainte de bulle immobilière. Donc effets limités de ces mesures de la BCE sur l’immobilier. finalement celles ci vont permettre au marché immobilier une meilleure visibilité et sera un frein sur la baisse des prix.

Les obligations d’entreprises ?

 

La rémunération des nouvelles obligations émises devraient encore baisser, ce qui du point de vue de l’épargnant devrait le pousser à profiter des quelques opportunités qui existent encore sur le marché, mais qui se font de plus en plus rare. En ce qui concerne les épargnants qui détiennent déjà des obligations dans leur portefeuille, leur valorisation devrait augmenter. Il devrait donc y avoir des arbitrages positifs à faire dans les semaines qui viennent pour engranger des plus values. Pour les millions de français qui ont souscrit à cet emprunt, et qui sera remboursé en théorie courant juillet, il est peut être encore de revendre par anticipation leurs obligations et de chercher à les replacer très vite en profitant de quelques stocks sur d’autres produits obligataires émis avant l’annonce de la BCE.

Les actions ?

 

En ce qui concerne les actions, c’est de ce coté là que les épargnants ont le plus de perspectives. En effet, l’objectif des mesures du 5 juin, sont d’accélérer la reprise de l’économie en favorisant les investissements tant des particuliers que des entreprises. Le CAC 40 et le DAX ont établis de nouveaux records au soir du 5 juin. On a même vu l’euro finalement s’apprécier de nouveau temporairement alors que c’est l’effet inverse qui était recherché, en d’autres termes les marchés espèrent que les économies de la zone euro devraient profiter de ces mesures. Cependant, on attend aussi la remontée des taux de la FED pour la fin d’année 2014.

L’épargnant français est certainement un peu perdu après ces annonces du 5 juin ? Que lui conseillez vous de faire alors ?

 

Plutôt que de voir des risques, regardons plutôt les opportunités qui leurs sont proposées dans ce contexte :

1. Le dollar va finir par s’apprécier, d’une part parce que les entreprises américaines repartent plus vite que les autres pays, malgré le petit rhume de cet hiver, mais aussi parce que la FED va finir par remonter ses taux donc le dollar va s’apprécier.

Recommandation pour l’épargnant : on joue les placements en dollars ou exposé au dollar.

2. L’Europe du Sud, Italie et Espagne vont être les grands gagnants de ces mesures au niveau européen.

En effet, ce sont dans ces deux pays que les mesures pour le crédit vont le plus profiter aux entreprises les actions des ces deux pays vont donc en profiter, dans ce cas on joue sur la hausse des Indices Ibex 35 et MSCI Italy. C’est assez simple à dire, mais pas à faire, il existe quelques produits structurés qui sont montés dans de bonnes conditions autour de ces indices, il faut en profiter maintenant.


Par Vincent Cudkowicz

Directeur Général, co-fondateur