Janet Yellen et François Hollande : même combat !


Mis à jour le: 04/07/2018 à 11h59 par Jonathan Levy

 

Si on en croit les dernières prévisions du FMI, l’économie mondiale est loin de la récession.

Après avoir crû de 3,3% en 2014, le PIB mondial serait sur un rythme légèrement plus faible cette année (3,1%).  C’est décevant si on pensait que la croissance accélérait, mais ça reste meilleur que le creux de 2013 (3%).  

Les marchés financiers sont agités depuis le mois d’août, principalement à cause des inquiétudes soulevées par le ralentissement économique en Chine, et son impact sur la croissance mondiale. Pourtant, depuis des semaines les chiffres publiés en Europe témoignent de la relative solidité de la reprise chez nous. Il y a notamment un chiffre qui circule : un ralentissement économique en Chine de 1% aurait un impact limité de 0,1% en Europe.

Mais si au cours de l’été, les chiffres publiés en Chine notamment ont pu en inquiéter certains, depuis un mois, c’est surtout la communication de la FED qui nourrit l’incertitude. J’entends tout de suite la question : le fait-elle exprès ?

Si seulement ! Il semble plutôt que la FED soit dépassée par la situation. Ce n’est pas le principe de la politique monétaire qui est mis en cause, mais bien la communication qui l’accompagne.

Lors du comité de septembre, la FED décide de ne pas remonter tout de suite les taux d’intérêt, invoquant le risque de ralentissement économique en Chine qui menace la croissance américaine. Jusqu’à présent, une annonce d’un maintien de taux bas était bien perçue par les marchés financiers. Mais cette fois-ci, l’annonce a eu l’effet inverse, car on a surtout retenu le pessimisme de la FED.

Pourquoi en est-on arrivé là ? Aurions-nous pu éviter cette situation ? La fin de la politique monétaire accommodante engendre-t-elle nécessairement ce type de réaction sur les marchés ?

 

La FED s’est enfermée dans une communication trop précise, trop étriquée. C’est un peu comme François Hollande qui avait fait référence à l’inversion de la courbe du chômage dès 2012, sans que personne ne lui demande quoique ce soit !

Pendant tout l’été, la FED a peu pris la parole, alors que les marchés financiers étaient très tendus en août. Elle a laissé s’installer l’idée que les taux allaient remonter, car jusqu’à présent, le principal critère était la courbe du chômage aux Etats-Unis, qui est restée bonne jusqu’en septembre (le taux de chômage est à 5,1% actuellement). Mais le mois dernier, elle a rajouté un autre critère pour fixer les taux d’intérêt, la croissance en Chine, alors qu’elle n’y avait jamais fait référence auparavant. En octobre, elle indique que le dollar trop fort pénalise l’économie américaine.

En voulant rassurer les marchés financiers, la FED a donné un maximum d’informations sur ce qui influençait sa décision monétaire. Mais elle s’est prise les pieds dans le tapis. Cette vieille institution créée en 1913, devrait s’inspirer de la communication de la jeune BCE, beaucoup plus claire. Il est vrai aussi que la situation de l’Europe est plus simple, la BCE n’étant qu’au début de son programme d’assouplissement monétaire.

Il est temps que la banque centrale américaine reprenne ses esprits, cela apportera de la sérénité sur les marchés et permettra de rétablir la confiance chez les investisseurs, condition nécessaire au rebond des marchés.

 

Mme Yellen, il vaut mieux prendre exemple sur Mario Draghi que sur François Hollande !

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr