La Chine déçoit et ne convainc pas…


Mis à jour le: 28/01/2016 à 14h23 par Chaguir Mandjee

Les erreurs de gestion en Chine concernant la bulle boursière « actions » et la modification des modalités de fixation de la parité du renminbi ont semé le doute sur la solidité de la croissance. Elles ont contribué à modifier les anticipations économiques, y compris celles en termes d’inflation, surtout qu’elles se sont combinées à une poursuite de l’effondrement du baril de pétrole, avec un impact brutal et assez mécanique sur les taux souverains. Les perturbations qui ont marqué l’été traduisent en fait plus généralement un malaise croissant concernant la marge de manœuvre résiduelle (politique monétaire / budgétaire) si le redressement des économies mondiales devait s’avérer décevant.

La chute des marchés actions américains en fin de séance ce mardi 25 indique que les mesures d’assouplissement monétaire annoncées par Pékin n’ont pas permis de rassurer sur l’avenir financier et économique de la Chine. D’autant que les niveaux de valorisation sur les marchés actions du pays ne ressortent toujours pas comme étant particulièrement attractifs au regard de leur historique. La perte de confiance dans la capacité d’action du gouvernement est de nature à remettre en cause le succès sa stratégie de mutation du modèle économique chinois, mais ne devrait pas conduire à un « hard landing » à court terme. Toutefois, ceci s’inscrit dans un contexte globalement défavorable pour les pays émergents, qui a entraîné un ralentissement du commerce mondial au premier semestre 2015 à un plus bas depuis 2009, selon un rapport de l’institut économique néerlandais.

Concernant l’Europe, l’Allemagne reste un moteur de croissance en zone euro, la publication des composantes de la croissance allemande tend à relativiser la déception de mi-août, certes l’investissement rechute, mais avec un effet de base défavorable. Alors qu’en France, la nécessité d’accélérer les réformes structurelles reste centrale, afin de renforcer le potentiel de croissance à moyen terme. Le gouvernement tente de rassurer sur ce point : Manuel Valls réitère sa volonté de réformer avant l’université d’été du Parti socialiste, sans que les annonces soient de nature à modifier la donne.

Dans ce contexte, la normalisation de la politique monétaire américaine sera ralentie, alors que la chute récente des cours des matières premières et la chute des devises émergentes devraient prolonger la période de très faible inflation. La dynamique intérieure des pays développés reste cruciale, à ce titre, les statistiques encourageantes publiées mardi 26 aux Etats-Unis permettent de continuer de tabler sur une accélération en douceur. De part et d’autre de l’Atlantique, les banques centrales resteront par ailleurs extrêmement prudentes pour limiter tout risque d’accident sur les taux et les devises, notamment dans le cadre de la réunion de Jackson Hole.

 

Par Chaguir Mandjee

Directeur Général de Haas Gestion