La Fed en attente avant de changer le cap monétaire…


Mis à jour le: 28/01/2016 à 14h23 par Chaguir Mandjee

L’effondrement des indices chinois en début de semaine s’est propagé à l’ensemble du monde et a alimenté une vague d’inquiétude sur la capacité des autorités à stabiliser leurs marchés financiers mais également à poursuivre les réformes tout en évitant un ralentissement plus marqué de la croissance. Les pressions baissières sur les prix des matières premières reflètent les craintes de voir la demande chinoise reculer. Pour le reste du monde, les conséquences sont importantes en termes d’inflation. Si le gain en pouvoir d’achat pour les ménages est bénéfique, la faiblesse des taux d’inflation pourrait se prolonger à travers le monde compliquant la tâche des banques centrales qui souhaitent amorcer une phase de durcissement monétaire à savoir la Fed et la Banque d’Angleterre.

La publication du PIB du Royaume-Uni mardi 28 juillet à 2,6% annuel (en ligne avec le consensus) est, en ce sens, essentielle pour s’assurer que la dynamique interne de l’économie est suffisamment robuste pour compenser un contexte mondial fragile. Au-delà de la croissance, la Banque d’Angleterre avait également indiqué s’inquiéter de la situation en Grèce. La reprise des négociations est rassurante mais les délais sont courts alors que les Européens veulent un vote au Parlement avant la mi-août sur deux dossiers épineux : les retraites et les aides agricoles.

Aux États-Unis, le rebond de la croissance se confirmant après le trou d’air du 1er trimestre, la banque centrale s’apprêterait à relever ses taux directeurs. La question est de savoir si elle donnera un signal clair pour une 1ère hausse en septembre alors que plusieurs responsables de la Fed se sont prononcés en faveur d’un mouvement avant la fin de l’année. Les derniers événements (dégradation de la situation en Chine et chute des prix des matières premières) devraient toutefois l’inciter à la prudence. L’hypothèse d’une hausse en octobre parait en ce sens crédible afin de laisser le temps au taux d’inflation de s’éloigner du seuil de 0% et aux augmentations salariales de gagner en vigueur. Ce mouvement portera le dollar et les taux souverains américains notamment sur les échéances courtes.

Au Brésil, le tableau s’obscurcit de jour en jour. Après l’abaissement de l’objectif d’excédent primaire par le gouvernement, c’est S&P qui tire le signal d’alarme en dégradant la perspective de la notation du pays. Cette menace vient s’ajouter à un contexte économique difficile avec une récession combinée à un emballement de l’inflation qui obligera la banque centrale à poursuivre le durcissement de sa politique monétaire.

Dans ce contexte, la forte chute des marchés actions chinois, la plus importante en une journée sur le Shanghai Composite en trois ans (-8,5%), vient alimenter les inquiétudes sur la croissance chinoise, les indices actions asiatiques restent en ordre dispersé après les mouvements brutaux enregistrés en début de semaine. Au regard de la situation des Etats-Unis, les objectifs de la Fed sont proches d’être atteints, les marchés américains restent donc dans l’attente de la décision de politique monétaire de la Fed qui devrait être détaillée ce mercredi 29 juillet, même si l’issue laisse peu de place au doute, en effet les responsables de la banque centrale américaine ont ajusté leur discours pour préparer les investisseurs à l’amorce de la phase de durcissement de politique monétaire.

 

Par Chaguir Mandjee

Directeur Général de Haas Gestion