Les Banques Centrales sous pression…


Mis à jour le: 05/07/2018 à 13h54 par Chaguir Mandjee

La crise de change qui secoue la Russie s’est encore intensifiée hier, renforçant les inquiétudes sur les perspectives économiques du pays.

Après une chute de près de 25% contre dollar en journée hier, le rouble s’est finalement quelque peu redressé, terminant sur une baisse de 15%. Début novembre, alors que la devise avait perdu 25% de sa valeur contre dollar (contre 50% aujourd’hui), l’institution avait déjà jeté l’éponge en indiquant qu’elle limiterait ses interventions massives de change pour éviter de trop puiser dans ses réserves.

En Europe, alors que la reprise dans la zone est modérée mais plus faible qu’escomptée, l’inflation devrait reculer dans les prochains mois. La pression est donc forte pour que la BCE agisse davantage dans les
prochains mois, et pourrait annoncer l’achat d’obligations d’entreprises puis souveraines. En outre, la Commission européenne met en garde la Grèce face au risque de non-paiement de sa dette. A quelques jours du vote par le Parlement grec quant à la tenue d’une élection présidentielle, cette dernière est susceptible de remettre en cause les efforts de réformes déjà entrepris par le pays (et donc le non-paiement de sa dette).

Aux Etats-Unis, La Fed ne remontera pas ses taux directeurs mi-2015, La banque centrale américaine tient aujourd’hui sa dernière réunion de politique monétaire de l’année. Malgré une situation économique de plus en plus favorable, la banque centrale américaine va devoir retarder le moment où elle remontera ses taux directeurs. Certes, au regard de ses objectifs (stabilité des prix et plein emploi), il est difficile de justifier des taux directeurs quasi nuls actuellement. Le contexte économique obligera la Fed à ajuster progressivement son discours au cours des prochains mois en maintenant sa volonté de conserver une politique accommodante, repoussant ainsi les anticipations d’une remontée des taux directeurs.

En Chine, les statistiques pour le mois de novembre confirment la transformation de l’économie avec un ralentissement du rythme de progression de la production industrielle et une accélération des ventes au détail. Les ménages profitent d’un gain de pouvoir d’achat suite à la baisse du baril bien qu’elle soit limitée par l’augmentation des taxes sur les produits pétroliers. La baisse des prix sera un soutien puissant à la croissance mais cela ne devrait pas se traduire par une accélération du rythme de croissance de l’économie.

Dans ces conditions, la baisse du baril de pétrole change la donne ayant un effet très négatif sur l’inflation, qui commencera à se dissiper courant 2015 au plus tôt impliquant une érosion des marges de négociations salariales (effet de « second tour ») qui contraindra les banques centrales des pays développés à rester très accommodantes. Dans les pays émergents, les marges de manœuvre seront mises à profit pour accélérer les réformes structurelles et réduire leurs déficits (Chine, Inde).

 

Par Chaguir Mandjee

Directeur Général de Haas Gestion