Les marchés européens tergiversent …


Mis à jour le: 04/07/2018 à 12h51 par Chaguir Mandjee

Malgré le trou d’air de la croissance américaine au premier trimestre, les gouverneurs de la Fed n’ont pas modifié leur vision sur les perspectives pour l’économie américaine, et tablent toujours sur une reprise de la croissance et une amélioration des conditions d’emploi.

Cependant, la déception sur les statistiques américaines, avec une dégradation du solde commercial, renforce les doutes sur la capacité de rebond des Etats-Unis. Par conséquent, les anticipations d’action de la Fed sont retardées, ce qui favorise une rechute du dollar, notamment face à l’euro. Le report d’une première hausse des taux directeurs américains pourrait alimenter des pressions baissières sur les taux souverains mais ces derniers sont entrainés à la hausse par un autre phénomène, la dissipation du risque déflationniste.

D’autre part, à moins d’une accélération de la hausse des cours du baril de pétrole, la contribution négative de l’énergie augmentera au cours des prochains mois, ce qui devrait limiter la hausse des anticipations d’inflation. Avec le rebond des prix des matières premières (aidé par la rechute du dollar) et la stabilisation des taux d’inflation, les anticipations d’inflation sont reparties à la hausse, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, ce qui se reflète dans les taux.

Si nous tablons sur une tendance haussière des taux souverains d’ici la fin de l’année, à l’approche du resserrement monétaire de la Fed et du fait de l’accélération de croissance et d’inflation en zone euro, la vitesse et l’ampleur de la hausse des derniers jours illustrent surtout la nervosité des investisseurs à l’approche de la phase de retournement sur les marchés obligataires.

En zone euro, la dynamique est inverse et la publication par la Commission européenne de ses nouvelles prévisions devrait acter cette embellie. L’activité est portée par une demande intérieure en hausse tandis que le commerce extérieur joue progressivement un rôle de plus en plus favorable grâce au recul de l’euro. Dans ce contexte porteur, les instances européennes devraient surtout mettre l’accent sur l’importance de poursuivre les réformes structurelles afin de renforcer le potentiel de croissance à moyen terme et ainsi assurer la soutenabilité des dettes publiques.

En parallèle, l’indice PMI chinois déçoit en avril en 2e estimation. Si tout stimulus de grande envergure est exclu, Pékin poursuivra à priori ses opérations ciblées de soutien à la croissance pour éviter tout risque de choc négatif trop brutal.

Dans ce contexte, les marchés actions hésitent encore quant à la direction à emprunter. Quoiqu’il en soit, l’afflux de liquidité lié à l’action de la BCE n’est pas remis en cause, et devrait alimenter une tendance baissière à court terme sur les taux européens et haussière sur la classe actions, et ce malgré les récentes turbulences enregistrées dernièrement par les marchés suite à la déconvenue américaine.

Par Chaguir Mandjee

Directeur Général de Haas Gestion