Que se cache-t-il derrière le crowdfunding?


Mis à jour le: 03/03/2016 à 16h02 par Vincent Cudkowicz

Les PME ayant recours au crowdfunding (financement par la « foule » ou financement participatif) en échange de parts sociales (crowdequity) pourront lever jusqu’à 1 million d’euros sans être soumises aux contraintes de l’AMF.

Le crowdfunding était au discours de François Hollande lors de son déplacement dans la Sillicon Valley en février 2014, lui promettant « un nouvelle élan». Le « crowdfunding », expression décrivant tous les outils et méthodes de transactions financières qui font appel à un grand nombre de particuliers pour financer un projet, une entreprise, a eu les honneurs de Bercy.

Le montant que pourront « lever » les PME adeptes du financement participatif sera d’un million d’euros. Ce chiffre a été présenté aux associations représentant les acteurs du secteur lors d’une ultime réunion à Bercy. La ministre déléguée aux PME en charge de ce dossier devait annoncer les nouvelles réglementations encadrant cette activité en pleine expansion. Ce discours clôture un an de débats entre les tenants de cette nouvelle finance, les régulateurs (AMF et ACPR), les banques et les associations de consommateurs.

Dans cette nouvelle réglementation on sait déjà que les particuliers ne pourront pas prêter plus de 1.000 euros par projet, afin de « diversifier le risque ». Le nombre de projets qu’une même personne pourra financer ne sera toutefois pas limité.

« Crowdequity »

Un seuil d’un million d’euros pour une autre grande famille du « crowdfunding », celle dite du « crowdequity », le financement participatif propose notamment aux internautes inscrits sur des plates-formes spécialisées de participer au financement de PME, en échange de parts sociales dans ces entreprises. En dessous de ce seuil d’un million d’euros, les PME pourront mobiliser des fonds via Internet sans s’astreindre aux lourdes exigences de la rédaction d’un prospectus en cas d’appel public à l’épargne.

Le nombre de projets finançables devrait donc augmenter considérablement. Autre disposition très attendue par les professionnels : les fonds pourront être sollicités par les sociétés par actions simplifiées (SAS), statut souvent adopté par les jeunes pousses.

A l’épreuve de la confiance du public

Outre l’enthousiasme de l’annonce il y aura l’épreuve du réel. « Nous organiserons dans six mois un rendez-vous avec les participants à la négociation pour faire un point sur l’impact de la réforme », a prévenu Fleur Pellerin. Mais il sera surtout question de voir si ce nouveau seuil de 1 million d’euros permettra à ce nouveau secteur de se développer.

Dans un premier temps la partie se jouera sur le terrain de la confiance du public. « La survenue rapide d’une industrie nouvelle de financement aux entreprises dépendra du sens des responsabilités des PME qui lèveront des fonds et de l’ingéniosité des plates-formes Internet », d’après l’association PME Finance.

Coté économique, un livre publié récemment prévient « qu’une plate-forme sur deux meurt dans les trois ans qui suivent son lancement ». La raison est que le financement participatif est une activité d’intermédiation qui a besoin d’un certain volume de fonds levés pour parvenir à son seuil de rentabilité. Le relèvement à 1 million d’euros y contribuera certainement.

En outre, les épargnants doivent se poser la question, de la pertinence d’intégrer dans leur patrimoine, une dose d’investissement en « Crowdfunding ». Comme nous l’avons déjà évoqué à plusieurs reprises, et notamment sur BFM Business, nous pensons chez bienprévoir.fr, que le « crowdfunding » c’est bon pour les entreprises, mais c’est à considérer de façon limitée dans votre patrimoine.

En effet, il faut avoir en tête qu’on ne s’improvise pas gestionnaire de fonds, ni business angel. Ces investissements présentent de nombreux risques, et la rémunération du capital est une science qu’il faut savoir maitriser. Nous préférons, comme alternative, les fonds spécialisés dans la dette de PME notamment via des obligations convertibles, qui permettent à des entreprises dynamiques, assises sur un projet viable, de se financer et de se développer, tout en rémunérant à la bonne mesure le patrimoine des investisseurs.

Par Vincent Cudkowicz

Directeur Général, co-fondateur