Quel impact de l’action des banques centrales…
Publié la première fois le: 10/03/2016 à 14h59
Mis à jour le: 11/03/2016 à 09h52
par Chaguir Mandjee
Les autorités chinoises ont donné leur feuille de route pour les 5 prochaines années fixant un objectif de croissance d’au moins 6,5%. En plus de maintenir une politique monétaire accommodante, la Chine a décidé d’accroitre le déficit public à 3% du PIB contre 2,3% actuellement, tout en maintenant l’engagement de stabilité du yuan. Ces éléments rassurent et limitent le risque de voir la Chine participer à l’accroissement des pressions déflationnistes à l’échelle de la planète.
Parallèlement, le prix du baril de pétrole poursuit son rebond et le cours approche du seuil de 40 $. C’est une excellente nouvelle pour la BCE qui doit se réunir demain, jeudi 10 mars afin de prendre des mesures visant à lutter contre la menace déflationniste. Un sondage Bloomberg montre que les économistes anticipent une baisse des taux, et 73% d’entre eux tablent sur un élargissement du programme d’achats d’obligations. Les gérants de fonds estiment qu’il y a très peu de chances que le marché monte sur l’annonce. En effet, l’expérience japonaise montre que dans le contexte actuel, les banques centrales n’arrivent pas à peser sur le cours de leur devise.
Le commerce extérieur chinois s’est fortement dégradé en février avec un recul des exportations de 25,4% en glissement annuel (contre -11,2% en janvier), soit sa plus mauvaise performance depuis 6 ans. Les exportations reculent de 17,8% sur la période janvier-février. Ce mouvement peut être relativisé en tenant compte des célébrations du Nouvel An Chinois. Les importations continuent de se contracter avec un recul de 13,8% en glissement annuel et l’excédent commercial est divisé par deux à 32 MM$ en février. Malgré le ralentissement du commerce extérieur (dont l’ampleur tient également à la baisse de la valeur des matières premières), l’excédent commercial chinois reste sur une dynamique haussière depuis plus deux ans.
Au Japon, les syndicats qui représentent les banques du secteur financier japonais abandonnent toute intention de demander des hausses de salaires cette année. Ceci constitue une mauvaise nouvelle pour la Banque du Japon, qui attend beaucoup des négociations salariales du printemps. La BoJ a surpris les investisseurs en passant ses taux directeurs en territoire négatif fin janvier mais cet assouplissement additionnel n’a pour l’instant pas affecté le yen. La devise nippone sert de valeur refuge face aux craintes liées à la Chine. Dans ce contexte, les marges de manoeuvres semblent de plus en plus réduites pour le gouvernement à quelques mois des élections à la Chambre haute. En conséquence, le Premier ministre, Shinzo Abe, a suggéré qu’il pourrait reporter la hausse de la TVA prévue en 2017 par crainte d’une contraction forte de l’économie japonaise.
En Europe, les discussions avancent pour la Grèce laissant espérer un compromis dans les prochains mois tandis que, pour Chypre, le programme d’aide s’achève sur un succès permettant au pays de ne pas utiliser l’intégralité des fonds mis à sa disposition.
Par Chaguir Mandjee
Directeur Général de Haas Gestion