Un choc désinflationniste !
Publié la première fois le: 27/07/2023 à 09h26
Mis à jour le: 27/07/2023 à 15h24
par Jonathan Levy
Sans surprise, la Réserve fédérale (FED) a remonté une nouvelle fois ses taux d’intérêts de 0,25% en juillet (la 11ème fois en 18 mois !), portant son principal taux directeur à 5,50%, le plus haut niveau atteint depuis 2001. Le ton employé (tout aussi important que la décision de relever les taux) est toujours aussi dur, restant dans sa logique de « faucon ». Si ces nouvelles sont plutôt angoissantes pour les marchés financiers, les derniers chiffres de l’inflation aux États-Unis donnent de réels espoirs pour les prochains mois.
Depuis un an, l’inflation américaine réellement constatée est en dessous des attentes. Courant 2022, les marchés s’attendaient à une inflation de 7% en fin d’année. Elle n’a été finalement que de 6,5%. De même, les marchés s’attendaient à un niveau de 4% mi 2023, alors qu’elle se situe en fait à 3%. La désinflation est bien en marche aux États-Unis et elle est plus rapide que ce que l’on anticipait.
Certains relativisent ces bons chiffres sur l’inflation globale, car la désinflation provient en grande partie de la baisse des prix de l’énergie, l’inflation sous-jacente (hors énergie) restant sur un niveau plus élevé de 4,8%. Néanmoins, c’est une erreur de déconnecter les différentes composantes de l’inflation, car toutes les entreprises consomment plus ou moins de l’énergie et finissent par répercuter dans leur prix de vente la hausse des prix de l’énergie.
Le secteur des transports est particulièrement sensible aux prix du pétrole, de même que la hausse des prix des matériaux de construction a un impact sur le prix des logements et des loyers. Ainsi, la baisse récente des prix de l’énergie est une bonne nouvelle pour l’inflation globale et pour toutes les composantes qui n’ont pas encore répercuté cette nouvelle situation.
Qu’en est-il du risque de spirale inflationniste prix-salaire ?
Aux États-Unis toujours, les salaires continuent d’augmenter sur un niveau élevé de 4-5% en rythme annuel. S’il est vrai que cela témoigne encore d’une zone de surchauffe, nous ne sommes plus très loin d’un atterrissage rassurant. Si on tient compte d’une hypothèse standard de 1% de gain de productivité, une hausse des salaires de 3,5% annuel est compatible avec une inflation sous-jacente de 2 à 2,5%. Nous n’en sommes donc pas très loin, d’autant plus que certains indicateurs vont dans le sens d’un allègement des pressions salariales.
Ainsi, l’inflation devrait continuer de ralentir jusqu’à la fin de l’année. Partant d’une inflation de 3% actuellement, elle pourrait atteindre 2,5% d’ici la fin de l’année aux États-Unis.
Évidemment, ceci est une bonne nouvelle pour l’ensemble des marchés financiers actions et obligataires, mais les produits de taux devraient en profiter davantage que les actions. En effet, ces dernières naviguent déjà sur un niveau de valorisation relativement élevé et ne devraient pas bénéficier d’une croissance forte de leurs résultats, dans un contexte de ralentissement économique. En revanche, les obligations devraient profiter d’une détente des taux d’intérêt qui pourrait intervenir dans un second temps, lorsque la Banque Centrale pourra enfin annoncer un retournement de sa politique monétaire. Ce que nous observons sur le marché américain devrait également se produire en Europe, avec un peu de décalage.
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