Une fable moderne : Le faucon et la colombe


Mis à jour le: 10/07/2018 à 14h45 par Jonathan Levy

 

Les marchés finissent bien l'année !

Il y a un an, tous les prévisionnistes, y compris votre serviteur, annonçaient une année de hausse sur les marchés entre 5 et 7%. On n’est pas loin d’avoir raison. Mais il faut reconnaître que personne n’avait anticipé le chemin chaotique parcouru pour arriver à ce résultat. 2016 restera comme une année très surprenante à beaucoup d’égards.

 

2016 avait mal commencé pour le CAC 40, qui était en baisse de près de 15% en six semaines seulement. Les marchés financiers étaient alors focalisés sur la chute spectaculaire du pétrole, dont le baril est tombé de 110$ en juillet 2014 à 27$ en février 2016. Ce qui était vu au départ comme un moteur de croissance redonnant du pouvoir d’achat aux ménages et boostant les marges des entreprises, est devenu fin 2015 et début 2016 un risque majeur pour l’économie mondiale.

 

Les pays producteurs de pétrole dont les économies ne sont pas assez diversifiées connaissaient de graves difficultés financières. Parmi les symboles de ces difficultés, l’Arabie Saoudite a dû émettre un emprunt obligataire d’un montant record pour un pays émergent, et ce pour la première fois de son histoire auprès d’investisseurs internationaux. Cette émission est la conséquence de l’explosion du déficit public, victime de la baisse des revenus pétroliers.

 

La baisse des prix du pétrole n’a pas non plus épargné les sociétés du secteur dont les résultats ont été fortement impactés, notamment pour les parapétrolières. Ces entreprises ont dû s’adapter en réduisant fortement les investissements et les effectifs, ce qui pouvait peser sur la croissance mondiale.

 

La chute des prix provenant d’un excès d’offre, la résolution de cette crise est venue de l’accord historique entre les pays producteurs de pétrole pour réduire la production. Cet accord n’était pas évident, car les pays concernés ne sont pas tous membres de l’OPEP, et certains d’entre eux sont par ailleurs engagés dans une véritable guerre froide. Un nouvel ordre pétrolier s’est dessiné en 2016.

 

Autres sujets de préoccupation cette année, la dérive populiste qui s’est manifestée à travers le monde, que ce soit au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou encore dernièrement en Italie. La surprise a été double : personne n’avait anticipé ces résultats, et personne n’avait anticipé la réaction positive des marchés dans cette hypothèse.

 

L’élection de Donald Trump s’est faite dans un contexte économique particulier. Le défi à relever pour le remplaçant de Barack Obama est de stimuler la croissance afin de retrouver des niveaux plus élevés, plus conformes au potentiel de l’économie américaine. Le programme du Président élu Républicain est basé sur une relance budgétaire avec une baisse de l’impôt sur le revenu pour les ménages, une baisse de l’impôt sur les sociétés, et un vaste programme d’investissements pouvant aller jusqu’à 1 000 Md€. Ce plan est visiblement porteur d’espoir en terme de croissance, mais devrait aussi s’accompagner d’un retour de l’inflation.

 

On a commencé l’année avec la peur de la déflation, on se retrouve finalement dans un scénario où les banques centrales vont devoir lutter contre l’inflation, ce qui se traduit par une remontée des taux d’intérêt.

 

Si les résultats sont au rendez-vous, la politique de Trump va générer plus de croissance, plus d’emplois et une hausse du pouvoir d’achat. En contrepartie, la FED va devoir durcir le ton. C’est le match haletant auquel il faut se préparer pour l’année qui vient : le dur Trump face à la colombe Yellen qui va devoir jouer un rôle de faucon à contre emploi, avec les marchés financiers comme arbitre.

 

En attendant, toute l’équipe de bienprévoir.fr se joint à moi pour vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année.

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr