Vers moins de place pour les banques centrales…


Mis à jour le: 28/01/2016 à 14h09 par Chaguir Mandjee

La remontée des cours du baril de pétrole observée depuis jeudi 21 janvier dernier a un effet positif, et inverse de celui observé les semaines précédentes, sur le prix des actifs risqués. Elle contribue en effet à éloigner (temporairement) le risque déflationniste. Elle conduit surtout à une ré appréciation du support que les banques centrales sont prêtes à apporter en restant très accommodantes. La BCE a donné le ton jeudi 21 janvier dernier, avec le discours de Mario Draghi qui a annoncé un réexamen à venir de la politique monétaire de la BCE, ce qui a d’ailleurs contribué à faire rebondir les marchés actions.

L’orientation des indicateurs économiques et les craintes quant à la solidité des pays émergents l’emportent cependant sur le volontarisme des banques centrales. Les tensions dans les pays émergents auxquels l’économie allemande est très exposée, alimentent les inquiétudes quant à la soutenabilité de la demande.

La Fed et la Banque du Japon, qui tiennent leurs réunions de politique monétaire cette semaine, seront confrontées aux statistiques économiques, et à la baisse du baril, avec un risque croissant d’impact négatif sur les salaires du fait de la faiblesse durable des taux d’inflation.

En Chine, la faiblesse persistante des profits inquiète. Les entreprises industrielles chinoises ont enregistré un recul de leur profit au mois de décembre de -4,7% en glissement annuel (précédent : -1,4%) et de -2,3% sur l’année 2015. Selon le bureau national chinois des statistiques, les pertes les plus importantes ont été constatées dans le secteur minier et métallurgique.

Aux Etats-Unis, c’est la saison de publications des résultats et le tableau ressort mitigé. Du côté positif, 80% des résultats annoncés sont ressortis au-dessus des attentes du consensus, soit un chiffre au-delà des saisons précédentes (soit 70% / 75%). Le principal signe de fragilité qui apparaît dans ces publications concerne les chiffres d’affaires où les bonnes surprises ne dépassent que très faiblement les mauvaises, un élément moins positif que lors des saisons précédentes. Apple a ainsi confirmé que les ventes d’Iphones devraient ralentir ce trimestre, et ce pour la premier fois depuis 2007 après avoir battu un niveau record trimestriel en écoulant 74,8 millions d’iPhone dans le monde. Le ralentissement économique chinois et plus globalement celui des pays émergents combiné à la baisse de leur devise devraient pénaliser l’entreprise qui réalise deux tiers de ses profits à l’étranger.

Le Brésil s’enfonce dans la crise : la présidente Dilma Rousseff a déclaré vendredi 22 janvier dernier qu’elle pourrait utiliser les 370 MM$ de réserves de change du pays pour assouplir l’austérité alors que le Brésil est toujours empêtré dans une crise politique et économique. Ceci ne pourrait que contribuer à renforcer la méfiance des acteurs économiques envers une économie très fortement pénalisée par l’incapacité à réformer, et à respecter les grands équilibres économiques.

Par Chaguir Mandjee

Directeur Général de Haas Gestion