Fonds euros : effet d’aubaine


Mis à jour le: 19/12/2023 à 14h37 par Jonathan Levy

Parlons Placements n°106 : Décembre 2023

Partie 1 : « Fonds euros : effet d’aubaine » avec Jonathan Levy, Co-fondateur, Président, bienprévoir.fr.

Les fonds euros vont être bonifiés cette année… mais pourquoi ? Aujourd’hui, il y a une recherche de liquidités de la part des assureurs afin d’acheter de nouvelles obligations à des taux plus attractifs que les précédentes. Par conséquent, ils bonifient la rémunération sur les fonds euros pour attirer de nouveaux investisseurs. Ce mécanisme a un intérêt pour les nouveaux investisseurs qui profitent de ces nouvelles conditions de taux de marché, mais également pour les clients existants qui vont profiter d’un taux moyen du portefeuille plus élevé avec l’arrivée de nouveaux investisseurs.

La remontée des taux directeurs a un impact indirect sur les taux à long terme. Étant donné que les assureurs achètent des obligations à long terme, cela les impacte également de manière indirecte, les poussant à bonifier leurs taux pour permettent aux investisseurs de profiter d’un effet d’aubaine.

Découvrez l’analyse de Jonathan Levy, Co-fondateur et Président de bienprévoir.fr.

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L’interview :

Nicolas Pagniez – C’est parti pour la première partie de l’émission, marchés financiers et opportunités, j’ai le plaisir d’avoir été rejoint comme d’habitude par Jonathan Levy.

Bienvenue donc dans Parlons Placement, vous êtes le co-fondateur et président de bienprévoir.fr, on va faire le point avec vous aujourd’hui sur les fonds euros qui ont vu leur taux parfois bonifié cette année. On va essayer de comprendre ensemble pourquoi c’est un effet d’aubaine mais déjà pourquoi, Jonathan Levy, a-t-on vu des bonus, des bonifications, des taux proposés sur les fonds euros ?

Jonathan Levy – En fait il faut comprendre que les taux d’intérêt, les taux obligataires ont fortement progresser au cours des derniers mois, des dernières années, la hausse date à peu près de 2021. Les taux étaient négatifs auparavant, l’OAT à 10 ans était négatif, l’emprunt d’état était un taux négatif, les fonds en euros ont un stock, un portefeuille d’obligation historique donc basé pendant toute cette phase avec des taux extrêmement bas. Lorsque les taux remontent pour que les assureurs en profitent il faut qu’ils aient de quoi investir et donc pour ça il faut qu’il donne envie d’investir chez eux et donc il y a une petite course, une concurrence très féroce entre les assureurs, pour donner le plus envie d’investir chez eux. Plus un assureur donne envie plus il va pouvoir aller acheter des obligations et plus il sera intéressant donc il y a un cercle vertueux à rentrer dans cette danse.

Nicolas Pagniez – Donc là aujourd’hui il y a une recherche de liquidité de la part des assureurs pour aller acheter ces nouvelles obligations autant plus attractives que les précédentes et c’est pour ça qu’ils bonifient finalement la rémunération sur les fonds euros aujourd’hui.

Jonathan Levy – Exactement et ça c’est un intérêt donc pour les nouveaux investisseurs qui profiteront des nouvelles conditions de taux de marché également pour les clients existants puisque grâce aux nouveaux investisseurs le taux moyen du portefeuille obligataire va remonter il va y avoir un effet de relution sur ces portefeuilles obligataires.

Nicolas Pagniez – Donc il n’y a pas de lien direct entre hausse des taux pratiqués par les banques centrales et taux de rendement d’un fond euro ?

Jonathan Levy – Alors il est indirect lorsque les taux remontent, lorsque les taux directeurs sont remontés par les banques centrales, c’est un impact indirect sur les taux à long terme et c’est ce qu’on voit et les assureurs achètent des obligations à long terme donc indirectement il y a un lien entre la hausse des taux directeurs donc indirectement on peut dire que c’est grâce à la politique monétaire de la BCE que les assureurs peuvent se permettre de bonifier leur taux d’intérêt sur les fonds en euros.

Nicolas Pagniez – Alors les assureurs bonifient leur taux sur les fonds en euros, concrètement quels sont les mécanismes qui leur permettent de le faire ?

Jonathan Levy – Alors je vous ai amené un petit slide pour expliquer ça, il y a différents mécanismes donc vous voyez il y a d’abord le taux de base de l’actif général alors il faut savoir que depuis 2 ans déjà l’actif général, en moyenne, en France augmente en 2022 déjà il avait augmenté par rapport à 2021 il y avait une hausse moyenne dans le marché de 0,6%.
Sur 2023 donc les taux qui seront annoncés en janvier 2024 au titre des intérêts de 2023, on s’attend à une hausse à peu près identique entre 0,5% et 0,6 % donc ça porterait le taux moyen de base à 2,50%.
Les nouveaux fonds donneront un taux supérieur à 2,50%, les anciens fonds qui ont des obligations plus anciennes à des taux bas donc eux le taux de base sera plus faible que 2,50% ça fait une moyenne à 2,50% et pour certains on sera entre 1,50% 1,80% 2% et pour d’autres à 2,50% 3%. Ça c’est le taux de base, à ce taux de base ils rajoutent donc deux bonus potentiels, un premier bonus si vous faites un versement, si vous revenez, vous complétez alors ils augmentent la participation bénéfice de 1,50% donc le 2,50%, si on prend ça comme hypothèse, de base moyenne, à ce 2,50% s’ajoute les 1,50% donc ça fait 4% net de frais de gestion en moyenne, si vous faites un versement, si vous faites une souscription ou un versement complémentaire sur le contrat alors il bénéficiera de 1,50% supplémentaire sur le taux servi en 2024 et 2025. C’est un bonus sur les années qui viennent sur ce qui est passé on ne revient pas dessus, sur 2023, les intérêts seront versés en début 2024 mais là on parle des années futures, c’est ça qui intéresse nos clients, si vous faites un versement vous aurez un bonus qui est garanti si vous conservez ces encours au moins 2 ans.

Nicolas Pagniez – On s’arrête là pour les bonus ou il y a un deuxième mécanisme ? On peut peut-être remettre la slide effectivement parce que là c’est en lien avec des choix d’investissement au sein de de son contrat.

Jonathan Levy – Certains assureurs, pas tous, rajoutent un bonus sur stock qui va dépendre de la part d’unité de compte, plus la part d’unité de compte est importante, plus vous avez un bonus supplémentaire. Alors comment ça marche dans cet exemple si vous versez, si vous avez sur votre contrat 35% d’unité de compte donc sur les 65% de fonds euros vous allez avoir un bonus de 30% du taux servi, par exemple le 2,50% sera augmenté de 30% donc ça fait à peu près 0,70% 0,75% en plus donc de 2,50% deviendrait un 3,25% auquel on rajouterait le 1,50% si vous faites un versement complémentaire.

Nicolas Pagniez – D’accord donc là on est plus dans les choix stratégies sur son fond euro, quelle est la part qu’on met en obligation et quelle est la part qu’on met donc sur le reste des unités de compte que ce soit immobilière ou action pour le coup ?

Jonathan Levy – Ou action, ou ça peut être des produits structurés aujourd’hui dans les conditions de taux, on avait déjà parlé je crois dans cette émission, il y a des produits structurés qui offrent des taux intéressant à capital garantie coupon garanti sur une durée relativement longue, c’est vrai.

Nicolas Pagniez – Est-ce qu’il y a donc aujourd’hui un effet d’aubaine, Jonathan Levy, sur les fonds euros, ces fonds euros qui si je me souviens bien il y a quelques années on disait d’eux qu’ils étaient morts justement, en lien avec des rendements qui était faible aujourd’hui est-ce qu’il y a un effet d’aubaine sur ces fonds euros ?

Jonathan Levy – Alors selon moi oui il y a un effet d’aubaine pour nos clients parce que l’inflation est en train de ralentir et si on projette l’inflation qu’on va voir en 2024 c’est ça qui nous intéresse ce n’est pas l’inflation qu’on a eu sur les dernières années qui a été extrêmement forte, on l’a tous vécu mais sur 2024 – 2025 elle est en train de ralentir fortement, les taux d’intérêt la performance des fonds euros est en train de progresser notamment grâce à ces bonus et donc il va y avoir un effet ciseau favorable, une hausse des rendements et une baisse de l’inflation donc là on va avoir une prime par rapport à l’inflation au-delà de l’inflation qui sera nettement favorable au fond euros ce qui n’était pas le cas ces deux dernières années et je vous ai ramené un graphe qui vous montre aussi l’effet d’aubaine qui se présente à nous aujourd’hui, c’est l’historique des taux d’intérêt, regardez les quatre phases que j’ai voulu mettre en valeur ici, vous avez une première phase qui est de 2012 au COVID à peu près, vous avez une très longue phase qui fait 8 ans de baisse des taux d’intérêts qui sont passé de 3,50% à – 0,50%.
Ensuite vous avez une stabilisation pendant le COVID, vous avez une stabilisation des taux lorsque la crise du COVID arrive, les taux ne remontent pas d’abord il se stabilise pendant 2 ans et après le COVID vous avez cette forte remontée des taux, qui est la plus forte remontée des taux qu’on ait jamais connu en 40 ans, où le taux si on prend l’OAT qui est passé de – 0,5% à + 3,50%, il a eu 400 points de base d’augmentation, 4% d’augmentation sur le taux nominal de l’OAT et regardez la dernière phase qui a commencé il y a quelques semaine donc on est tout récent, c’est moi qui projette que c’est une phase, on ne sait pas encore l’avenir nous dira si c’est une phase ce que nous on prévoit c’est que en fait, les taux vont continuer à baisser on a eu un pic d’inflation exceptionnel et on va revenir sur des niveaux d’inflation plus normaux et du coup les taux d’intérêt vont s’ajuster.
Si on revient par rapport à notre sujet du jour pourquoi il y a un effet d’aubaine parce qu’aujourd’hui en fait on fige des conditions sur ce pic de taux alors que les taux sont en train de baisser donc c’est intéressant de capter ces bonus pour profiter des taux de marché aujourd’hui et de les figer sur les deux prochaines années parce que les taux risquent de baisser donc au moins on fige des conditions intéressantes aujourd’hui, voilà l’effet d’aubaine.

Nicolas Pagniez – Parce que là quand on projette sur le graphe que vous nous avez montré en gros, il y a trois scénarios, que ça continue à monter mais ça n’est pas votre scénario central, que ça se stabilise et là pour le coup on fige des conditions qui resteraient les mêmes ou alors ça descend et là globalement on bénéficierait de meilleures conditions aujourd’hui que celles qu’on pourrait avoir dans quelques mois ou quelques années c’est ça ?

Jonathan Levy – Exactement, en fait ça c’est le pari que nous faisons vu que l’économie est en train de ralentir en France, en Europe, la BCE peut se permettre de relâcher la pression elle a commencé à l’annoncer probablement qu’elle va aller plus loin dans son discours, plus loin dans ses actes prochainement, les taux vont rebaisser et donc autant figer des conditions financières intéressantes aujourd’hui pour les prochaines années.

Nicolas Pagniez – Et alors là très concrètement on parle du taux 2023, l’année 2023 se termine dans pas si longtemps que ça, est-ce que ça veut dire qu’il faut se dépêcher d’ouvrir ou de reverser ou d’ouvrir un contrat sur un fond en euros avant la fin de l’année où on a encore un peu de temps pour bénéficier des conditions ?

Jonathan Levy – Alors là les conditions dont je parle, les chiffres que je vous ai montré, ce sont les conditions d’inversement en 2023 donc avant le 31/12 pour l’année 2024 en janvier ce sera de nouvelles conditions et là on verra en fonction des conditions de marché à ce moment-là.

Nicolas Pagniez – Voilà donc le message est passé, merci beaucoup Jonathan Levy de nous avoir accompagné donc dans la première partie de Parlons Placement, je rappelle que vous êtes fondateur et président de bienprévoir.fr, merci beaucoup et on se retrouve tout de suite dans la deuxième partie de l’émission.

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr