Edito du mois : La folle ascension du CAC 40 va-t-elle s’interrompre ?


Mis à jour le: 28/11/2019 à 11h14 par Jonathan Levy

Edito du mois - Novembre 2019 - La folle ascension du CAC va-t-elle s'interrompre ? - couv

En début d’année, on se prête toujours au petit jeu des pronostics sur les marchés actions : à quel niveau le CAC 40 va -t-il finir l’année ? Il faut rester humble, car début 2019, peu d’acteurs avaient prévu que le marché boursier français finirait sur une hausse de plus de 25% cette année, certains professionnels le voyaient même en baisse !
Comment expliquer un tel retournement de situation ? La hausse va-t-elle se poursuivre ?

 

Pour être honnête, il convient de rappeler le contexte qui prévalait en ce début d’année. La bourse avait fortement reculé au dernier trimestre 2018, et la tension était forte sur les marchés financiers. On était au cœur de la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre la Chine, qui a eu pour conséquence de dégrader les perspectives de croissance dans toutes les zones exportatrices (Chine, Allemagne, …). Les marchés financiers craignaient alors un fort ralentissement économique mondial, et la fin du long cycle économique américain.

Pour faire face à cette situation dégradée sur les marchés, et pour lutter contre le risque de récession, les banques centrales ont ajusté leurs politiques monétaires dès le début d’année. La FED a non seulement interrompu son cycle de hausse des taux, mais elle a même fini par les baisser, sous la pression notable de Donald Trump. La BCE de son côté a relancé son programme de rachat d’actifs obligataires (le fameux « quantitative easing ») et a de ce fait envoyé les taux à long terme en territoire négatif. La baisse des taux a été un puissant ressort pour les marchés actions.

 

Mais ce n’est pas tout, il faut reconnaître que l’origine du problème (la guerre commerciale entre la Chine et les USA) connait depuis quelques semaines un apaisement certain, qui était difficile à prévoir. Trump et Xi Jinping ont un intérêt commun à trouver un accord (certes partiel), même si les raisons divergent. Les élections présidentielles américaines sont probablement le ressort le plus important pour Trump, dans un contexte de politique interne très tendu, avec la procédure d’impeachment que tentent de lancer ses adversaires politiques. Quant au Président Chinois, il doit faire face à un ralentissement économique structurel qui intervient au moment où la situation sociale est plus compliquée qu’avant. Il devient primordial de faire annuler les droits de douanes pour tenter de faire repartir le commerce international.
La hausse des marchés actions récentes s’expliquent par la baisse des tensions commerciales entre les deux grandes puissances, et par le léger rebond économique qu’on observe depuis cet été.

 

Alors, les bonnes nouvelles étant déjà dans les cours, la hausse du marché actions peut-elle se poursuivre ?
Nous croyons que la Chine et les États-Unis vont finir par signer cet accord, de phase 1, ce qui va encore plus atténuer les tensions commerciales. La confiance des entreprises pourrait remonter et booster ainsi l’investissement, qui avait tendance à ralentir jusque-là. La politique monétaire des banques centrales va continuer d’être puissamment accommodante, c’est-à-dire expansionniste. Jumelée à la remontée de la confiance des entreprises, elle devrait avoir un impact réel sur l’économie mondiale.
En revanche, dans ce contexte qui marque une légère amélioration de la conjoncture, on ne devrait pas avoir de stimulus budgétaire, comme on aurait pu le penser au cœur de la tempête. Les États comme l’Allemagne ne devraient finalement pas laisser filer leurs déficits pour stimuler un peu plus la croissance de leur pays.

 

Cela étant, les marchés actions devraient rester légèrement haussiers dans les mois qui viennent, sauf si un risque exogène intervenait. On pense en particulier à un éventuel regain de tension entre les USA et la Chine.
Les marchés pourraient donc bénéficier d’un environnement plus apaisé, favorable à la prise de risque. Ce n’est peut-être qu’après les élections de fin 2020 que Trump recommencera à être Trump s’il est réélu. Les tensions pourraient alors réapparaître en 2021

 

Par Jonathan Levy

Président, co-fondateur de bienprévoir.fr